Patrick Hetzel est le nouveau ministre de la Recherche, dans le gouvernement de Michel Barnier. Ses prises de position en santé publique lui valent une première déconvenue de communication, en particulier sur le covid en avril 2020.

Le gouvernement Michel Barnier a été annoncé le 21 septembre 2024. Parmi les nouveaux noms, il y a celui du ministre de la Recherche : Patrick Hetzel. Comme de nombreux membres de ce nouveau gouvernement, il appartient à la mouvance de droite LR (Les Républicains). À peine quelques heures après cette nomination, un fait peu glorieux a fait surface sur les réseaux sociaux : un post de soutien à l’hydroxychloroquine, sur X (ex-Twitter).

Ce post contient une lettre prise en photo sur un écran d’ordinateur, adressée au président de la République Emmanuel Macron, dans laquelle il préconise l’usage de ce médicament contre la maladie Covid-19. « L’hydroxychloroquine, qui était en vente libre en France depuis 40 ans, a fait la preuve empirique de son efficacité et les autorités de nombreux pays dont les USA autorisent sa prescription en ambulatoire », écrit-il. Il évoque, par la suite, les expérimentations menées par une « équipe française », sans la nommer, mais il s’agit de celle de Didier Raoult.

Patrick Hetzel et la chloroquine
Patrick Hetzel et la chloroquine // Source : Capture d’écran Numerama

Patrick Hetzel soutient-il un protocole anti-science ?

Problème : lors de la publication de cette lettre, le 2 avril 2020, la communauté scientifique critiquait déjà vivement l’usage de la chloroquine contre le covid. Les premiers doutes sur l’efficacité et la non-dangerosité du médicament, dans ce contexte, ont émergé fin février et, dès le mois de mars 2020, il était devenu clair que Didier Raoult et son équipe avaient commis de graves erreurs scientifiques.

Son étude comportait effectivement de nombreux problèmes qui réduisait sa portée au néant. Parmi ces erreurs : l’absence de randomisation, des informations manquantes, des biais de confusion, de mauvais critères d’analyse, un suivi incomplet, des patients mystérieusement exclus de l’étude, des sources de références peu fiables, ou encore une collusion entre l’équipe d’auteurs et le journal ayant publié l’étude (l’un des auteurs est rédacteur en chef du journal en question). La seconde étude, plus large, n’avait tout bonnement pas de groupe de contrôle.

Patrick Hetzel en 2023. // Source : Assemblée nationale
Patrick Hetzel en 2023. // Source : Assemblée nationale

Pour le dire simplement : on savait déjà, à cette époque, que Didier Raoult et son équipe n’avaient pas respecté la méthode scientifique. Le comportement du médecin marseillais, qui maintenait malgré tout une position médiatique victorieuse, avait aussi contribué au complotisme anti-science grandissant à l’époque. Beaucoup de scientifiques ont estimé que cet épisode médiatique a fait du mal à la science, à l’époque. Sans compter qu’il s’est finalement avéré que l’usage de la chloroquine dans ce contexte entraînait de dangereux effets secondaires.

Au 2 avril 2020, quand Patrick Hetzel publie cette lettre, il ne pouvait donc pas ignorer la situation problématique autour de la chloroquine. Ce n’était pas le début de la séquence, où nous ignorions tout de ce médicament — et encore beaucoup du covid. Ce qui signifie qu’il a volontairement pris position en défaveur de la méthode scientifique.

Les internautes, nombreux à avoir déterré cette lettre, s’interrogent donc sur la crédibilité de sa position : comment être un ministre de la Recherche légitime aux yeux de la communauté scientifique, quand l’on a publiquement recommandé de contourner les protocoles de sécurité les plus élémentaires ?

Les autres positions de Patrick Hetzel en santé

Ce n’est pas la seule prise de position de Patrick Hetzel, dans le domaine de la santé, qui inquiète. La première : il a voté contre la constitutionnalisation de l’IVG. Il faut pourtant rappeler que la littérature scientifique atteste de la nécessité d’une protection absolue de l’IVG pour la santé publique.

Autre bizarrerie, pour un ministre de la Recherche : il a voté contre l’article 4 de la loi contre les dérives sectaires, article qui visait à réprimer la provocation à l’abstention ou à l’abandon de soins — des méthodes chéries par les dangereux gourous influenceurs en santé naturelle.

Certains s’étonnent aussi qu’il réfute tout bonnement l’expression « recherche fondamentale ».

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