C’est un crève-cœur pour la science, mais une nécessité pour assurer la survie de Voyager 2. Dans un billet de blog paru le 1er octobre, l’agence spatiale américaine (Nasa) a dévoilé sa décision de couper pour de bon un nouvel instrument scientifique installé sur la sonde spatiale. La coupure a été ordonnée le 26 septembre 2024.
L’instrument désactivé est un détecteur de plasma (PLS — Détecteur de plasma (PLasma Spectrometer). Selon la Nasa, cette coupure se fait un peu sans regret : « il a recueilli peu de données ces dernières années en raison de son orientation par rapport à la direction dans laquelle le plasma s’écoule dans l’espace interstellaire. »
Cette décision a été prise pour préserver au maximum les réserves d’énergie de Voyager 2, et lui permettre de tenir un peu plus longtemps, de façon à pouvoir continuer son exploration du milieu interstellaire. En effet, le satellite a quitté depuis fin 2018 la zone d’influence du Soleil, là où le vent solaire s’interrompt (l’héliopause).
Voyager 2 est actuellement le deuxième objet fabriqué par l’humanité le plus éloigné de la Terre. La sonde, qui a quitté la planète bleue il y a un peu plus de 47 ans, se trouve désormais à une distance d’environ 20,5 milliards de kilomètres. Elle n’est dépassée que par Voyager 1, qui a déjà parcouru 24 milliards de kilomètres.
Actuellement, seuls quatre instruments demeurent actifs sur Voyager 2 :
- CRS : un outil d’analyse de rayons cosmiques ;
- LECP : un instrument dédié aux particules à faible énergie ;
- MAG : un magnétomètre ;
- PWS : un récepteur d’ondes de plasma.
Avec la désactivation de PLS, le nombre d’outils éteints sur Voyager 2 s’élève à six. Les cinq autres ont été coupés en 1989, 1991, 1998, 2007 et 2008. Tous ont été débranchés pour diminuer la consommation d’énergie, sauf un, mis hors ligne en raison de problèmes de performance. Voyager 1 est exactement dans la même situation : il a les quatre mêmes instruments encore actifs.
Des explorateurs exceptionnels du milieu interstellaire
Voyager 1 et Voyager 2 sont des éclaireurs exceptionnels, qui évoluent dans un environnement jamais exploré par l’humanité jusqu’à présent. Rien de bien étonnant, donc, à ce que la Nasa observe attentivement leur état de santé, exactement comme on surveillerait du lait sur le feu. Il ne s’agirait pas qu’une action entraine des effets indésirables.
« L’équipe a confirmé que la commande d’extinction a été exécutée sans incident et que la sonde fonctionne normalement », a déclaré la Nasa. Cela n’a pas toujours été le cas. Par le passé, l’agence a eu des soucis avec les deux sondes. Encore récemment, elle avait perdu le contact avec Voyager 2 et la liaison avec Voyager 1 avait eu des soucis.
« L’équipe de Voyager continue de surveiller l’état de santé de la sonde et les ressources disponibles afin de prendre des décisions techniques qui maximisent les résultats scientifiques de la mission », confirme l’agence. Elle estime que sa gestion parcimonieuse pourrait amener Voyager 2 à marcher au-delà de 2030, avec au moins un instrument actif.
Les deux sondes sont alimentées par du plutonium en décomposition et perdent environ 4 watts d’énergie par an. Autre défi pour la Nasa : chaque communication entre la Terre et l’une des deux sondes met énormément de temps, malgré la vitesse de la lumière. Il faut 19 heures pour atteindre Voyager 2 et 19 heures de plus pour sa réponse.
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