La réussite du cinquième vol d’essai du Starship a été marquée par la capture en plein vol du premier étage Super Heavy lors de son retour sur Terre. C’est la conclusion d’un intense campagne d’essais qui a été plutôt rapide. Il y a cinq ans, la fusée était incomplète et ne volait même pas.

C’était un moment historique pour SpaceX et l’histoire de la conquête spatiale. Dimanche 13 octobre 2024, l’entreprise américaine organisait le cinquième vol intégré du Starship, sa fusée géante. À cette occasion, la société a effectué un bond considérable, en démontrant sa capacité à rattraper le booster de son lanceur.

Le premier étage de Starship (appelé le Super Heavy) a en effet réussi à revenir sur Terre et à gérer sa propulsion de façon à s’aligner avec la tour de lancement d’une part, et à ralentir progressivement sa chute d’autre part. Une performance remarquable pour une fusée dont les tests de vol n’ont débuté véritablement qu’en 2019.

Starship
Le décollage lors du cinquième vol. // Source : SpaceX

Pour en arriver là, SpaceX n’est pas parti d’une feuille blanche. La société travaille sur le Starship depuis 2012. Elle profite également de sa large expérience dans les départs et les retours de fusées, grâce à la Falcon 9. Elle bénéficie aussi sur l’histoire de la conquête spatiale américaine, qui a permis des avancées sur lesquelles s’appuyer.

La capture en plein vol du premier étage du Starship est aussi le résultat d’une intense campagne d’essais menée par SpaceX. Il y a eu beaucoup de prototypes qui ont été consommés par l’entreprise lors de ces cinq dernières années. Beaucoup d’explosions, d’échecs, de vols incomplets et d’essais avortés. Mais on peut relever 5 moments clés.

Avril 2019 : premier allumage du prototype Starhopper

C’est le premier test concret du Starship, qui ne s’appelle pas encore ainsi. L’entreprise américaine a fabriqué un embryon de fusée, le Starhopper, et l’engin n’est armé que par un seul moteur. Un moteur unique, mais un moteur qui s’allume. C’est une première dans le projet Starship, mais l’engin n’a pas vraiment volé : il était attaché.

Août 2019 : premier bond du Starhopper

L’oiseau est libéré. Après quelques tests intermédiaires, le Starhopper fait son premier vrai bond jusqu’à une altitude de 150 mètres quatre mois après le premier allumage. La séquence, qui dure près d’une minute, montre l’engin s’élever, se décaler latéralement sur quelques mètres, puis se poser en douceur pour l’atterrissage.

Août 2020 : premier bond du Starship SN5

Même exercice qu’il y a un an, sauf que le Starhopper a été remplacé par un premier prototype du Starship, modèle SN5 (Serial Number 5). L’engin fait là encore un bond de 150 mètres et exécute une manœuvre similaire — déjà à l’époque, le pas de tir avait été quelque peu endommagé. Toujours un seul moteur à bord.

Décembre 2020 : premier vol en altitude du Starship SN8

Quatre mois plus tard, changement d’échelle pour SpaceX. Le prototype du Starship passe à trois moteurs et l’altitude visée n’a plus rien à voir : c’est le premier tir qui vise une haute altitude. L’engin a culminé à 12,5 km (on place la frontière de l’espace à 100 km, pour référence) et a tenté plusieurs actions : une bascule de la fusée et un rallumage des fusées.

Mars 2021 : premier atterrissage réussi du Starship SN10

Décoller, c’est bien, mais atterrir, c’est mieux. L’entreprise y parvient avec la Falcon 9, mais les tentatives du Starship s’avèrent infructueuses, jusqu’à l’essai avec l’exemplaire SN10. C’est la première fois que l’engin réussit à se poser sans exploser immédiatement. Cependant, le contact a été un peu lourd et la fusée a explosé huit minutes après.

Avril 2023 : premier essai de vol intégré

Il s’agit-là du premier vol d’essai intégré du Starship, qui combine à la fois le premier étage (booster Super Heavy) et l’étage supérieur (vaisseau Starship). Une première tentative qui s’est soldée par un échec notable : les deux étages ne se sont pas séparés et la fusée a explosé en plein ciel, après quatre minutes.

Juin 2024 : amerrissage réussi et survie du Starship

Le quatrième vol d’essai intégré du Starship a été celui le plus abouti jusqu’à l’exploit du 13 octobre. À ce moment-là, l’entreprise américaine a réussi à faire amerrir le Super Heavy (ce qui a permis de faire une simulation avant le cinquième vol) et à mener à bien la rentrée atmosphérique du Starship — ce qui a montré la nécessité de renforcer son blindage.

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