Plusieurs animaux, dont les céphalopodes, des mollusques comme le poulpe ou la pieuvre, possèdent l’incroyable faculté de changer de couleur. Ils l’utilisent principalement pour se camoufler, chasser et communiquer. Les scientifiques ont toujours supposé que ce changement était énergivore, mais jusqu’à présent, ils n’avaient jamais mené d’étude quantitative précise sur ce sujet. Les chercheurs Sofie Sonner et Kirt Onthank de l’Université de Walla Walla à Washington viennent de publier, ce 18 novembre 2024, une étude dans laquelle ils mesurent (presque) précisément l’énergie nécessaire à cette transformation chez le poulpe.
Ce sont, entre autres, les chromatophores, de petites cellules spécialisées, qui permettent le changement de pigmentation. Elles sont reliées au système musculaire et nerveux des céphalopodes. Ainsi, « quand on voit des images de poulpes colorés, cela signifie qu’ils ont les muscles de la peau tendus », explique Kirk Onthank, au magazine Popular Science. Mais comme tous les mouvements ou changements dans notre corps, cela nécessite une certaine dose d’énergie.
Le poulpe mis à l’épreuve pour changer de couleur
Pour réussir à mesurer cette énergie, les deux chercheurs ont examiné des biopsies (prélèvements) de peau d’une vingtaine de poulpes différents.
Ils les ont soumis successivement à l’obscurité et à la lumière pour stimuler les chromatophores. Et ensuite ? Sofie Sonner explique : « J’ai mesuré la différence d’absorption d’oxygène entre les périodes d’expansion et de contraction des chromatophores. » Enfin, ces données sont extrapolées pour calculer la consommation énergétique totale de l’organisme.
Dans l’une des seules études menées à ce jour sur ce sujet, des poissons avaient déjà « été soumis soit à un environnement de couleur changeante dans leurs bacs de rétention, soit à un environnement de couleur constante », indique Sofie Sonner. Cependant, cette méthode donne lieu à des imprécisions. Elle ne permet pas de faire la distinction entre l’énergie réellement utilisée juste pour cette action, et celle libérée à cause de conditions stressantes (comme un changement d’environnement).
Quand les chromatophores s’activent, ils consomment plus d’oxygène
Cette nouvelle étude suggère que les chromatophores consomment un taux d’oxygène plus important lorsqu’ils s’activent. Sonner et Onthank ont calculé que, rapportée à l’ensemble de l’organisme, l’énergie totale consommée pour activer ce changement de couleur est équivalente à celle utilisée pour maintenir le reste du métabolisme de base au repos. Et ce niveau d’énergie pourrait même être encore plus élevé, n’excluent pas les auteurs.
Une chose est sûre : cette nouvelle découverte, si elle apporte des probables réponses sur le comportement des poulpes, participe aussi à faire émerger de nouvelles questions, notamment sur leur aspect évolutif.
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