C’était la nouvelle triste de la semaine dans le domaine de l’astronautique. Après un an de tentatives infructueuses d’entrer en contact avec l’atterrisseur Philae, qui n’a plus donné de signe de vie depuis le 9 juillet 2015, l’agence spatiale européenne a annoncé qu’il n’est désormais plus du tout possible d’avoir une chance d’établir une liaison : Rosetta, la sonde en orbite autour de la comète sur laquelle Philae se trouve, et qui sert de relais avec les transmissions de la Terre, n’a plus assez d’énergie pour alimenter son module de communication.
Mais que les amoureux de l’espace se rassurent. Si Philae file désormais dans le vide interplanétaire (pour la sonde Rosetta, la fin qui lui est réservée est spectaculaire : un baiser mortel aura lieu en septembre, ce qui se traduira par un crash à la surface de la comète), une autre aventure va les tenir en haleine pendant de longs mois. En effet, une mission spatiale pilotée par l’agence spatiale japonaise (Jaxa) est en train de foncer tout droit vers l’astéroïde (162173) Ryugu, nom en référence à Ry?g?-j?, qui est le palais sous-marin de Ry?jin, le dieu dragon de la mer.
L’objectif de la Jaxa est simple à comprendre sur le papier, mais extraordinairement difficile à concrétiser. Il s’agit d’expédier une sonde, Hayabusa 2 (faucon pèlerin, en japonais), en direction de Ryugu afin de l’analyser à distance mais aussi y déposer à sa surface un petit atterrisseur franco-allemand, Mascot (Mobile Asteroid Surface SCOuT), récupérer un échantillon de son sol et repartir en direction de la Terre afin que les chercheurs puissent l’analyser avec des instruments scientifiques autrement plus poussés que ce que peuvent embarquer la sonde et l’atterrisseur.
Pour l’instant, tout va bien pour Mascot. Un bilan de santé a été effectué à la mi-juillet pour vérifier que tout marche correctement. « Nous effectuons ce type de contrôle une fois par an pour savoir si tous les composants du système et des instruments sont toujours en bon état de fonctionnement », explique Christian Krause, ingénieur au centre de contrôle de l’atterrisseur à Cologne, cité par le centre national d’études spatiales (Cnes).
Un bilan de santé de Mascot et de ses instruments a été réalisé
Un bilan de santé nécessaire, car le voyage n’est pas une partie de plaisir pour le petit engin, qui doit affronter le froid spatial et ses -30°C au thermomètre. Une vérification des instruments scientifiques a aussi eu lieu.
Mascot en embarque quatre : MicrOmega, un microscope infrarouge hyperspectral pour l’analyse minéralogique in situ du sol, CAM, une caméra champ large multi-spectrale pour fournir un contexte géologique aux sites visités, MAG, un magnétomètre, et MARA, un radiomètre pour mesurer la température de la surface et déterminer l’inertie thermique de l’astéroïde, détaille le Cnes.
Du côté de Hayabusa 2, tous les voyants sont aussi au vert. Lancée le 3 décembre 2014, la sonde se dirige vers Ryugu, qui se trouve à quelques 65 millions de kilomètres de la Terre. Elle devrait l’atteindre à la mi-2018. Le binôme travaillera de concert pendant un temps, puis viendra l’heure du voyage de retour : celui-ci prendra là encore un temps considérable : l’engin ne devrait revenir sur le plancher des vaches qu’à la fin 2020. Mais le jeu en vaut la chandelle.
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