En mars 2024, la chercheuse Alexandra Morton-Hayward de l’université d’Oxford a réalisé la plus grande étude de la littérature archéologique sur les cerveaux humains. Les données récoltées aident à comprendre comment certains cerveaux restent préservés même après des siècles.

Une nouvelle étude a compilé les données de la littérature archéologique sur les cerveaux humains remontant à plusieurs siècles. Cette étude, publiée plus tôt cette année, en mars 2024, et repérée par Scientific American le 2 décembre, est la plus grande réalisée jusqu’à aujourd’hui. Elle a été menée par Alexandra L. Morton-Hayward de l’Université d’Oxford.

La scientifique a rassemblé et analysé les données de plus de 4 400 cerveaux provenant de centaines de sources différentes sur tous les continents (sauf l’Antarctique). Plusieurs d’entre eux étaient vieux de 12 000 ans et dans 1 300 cas, le cerveau était le seul organe préservé de la dépouille.

Le cerveau, c’est périssable

Cependant, le cerveau est l’un des organes les plus périssables de notre corps et il est normalement impossible qu’il se conserve naturellement pendant des millénaires, à moins de conditions météorologiques particulières. Il est encore plus rare qu’il soit le seul organe à être conservé dans un squelette. Du moins, c’est ce que les chercheurs pensaient jusqu’à présent. Cette nouvelle étude démontre que ce phénomène est moins rare qu’il n’y parait.

En 2008, des archéologues avaient découvert en Angleterre les restes d’un homme vieux de 2500 ans qui aurait vraisemblablement été pendu, décapité et jeté dans un canal d’irrigation. Étonnamment, son cerveau était resté en partie intact. En 2020, des scientifiques de l’University College London ont étudié chimiquement ce cerveau et y ont découvert environ 800 protéines préservées.

Fragments de cerveau d'un individu enterré dans un cimetière de travail victorien (Bristol, Royaume-Uni), il y a environ 200 ans // Source : Alexandra L. Morton-Hayward.
Fragments de cerveau d’un individu enterré dans un cimetière de travail victorien (Bristol, Royaume-Uni), il y a environ 200 ans. // Source : Alexandra L. Morton-Hayward.

Une des théories avancées pour expliquer la survie de ces cerveaux millénaires, outre des conditions météorologiques particulières, implique un mécanisme biochimique : le mauvais repliement des protéines, qui amène à la formation d’agrégat.

Malade chez les vivants, conservé chez les morts

Alexandra Morton-Hayward et des morceaux de cerveau âgés de plus de 200 ans. // Source : Université d'Oxford
Alexandra Morton-Hayward et des morceaux de cerveau âgés de plus de 200 ans. // Source : Université d’Oxford

« Dans le domaine médico-légal, il est bien connu que le cerveau est l’un des premiers organes à se décomposer après la mort — mais cette énorme archive démontre clairement qu’il existe certaines circonstances dans lesquelles il survit. Que ces circonstances soient environnementales ou liées à la biochimie unique du cerveau est au centre de nos travaux en cours et futurs. Nous trouvons un nombre et des types étonnants de biomolécules anciennes conservées dans ces cerveaux archéologiques, et c’est passionnant d’explorer tout ce qu’ils peuvent nous dire sur la vie et la mort chez nos ancêtres », déclare Alexandra Morton-Hayward dans un communiqué de l’université d’Oxford.

Pour pouvoir jouer leur rôle correctement, les protéines de notre corps doivent acquérir une forme particulière. Parfois, pour diverses raisons, une protéine peut mal se replier puis s’emmêler, s’accumuler et former un petit groupe avec d’autres protéines mal repliées. C’est ce que l’on appelle des agrégats. Chez les vivants, ces agrégats de protéines dans le cerveau sont la cause de nombreuses maladies comme Alzeihmer, Parkinson ou la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Cependant, chez les morts, c’est la formation d’agrégats qui permet, en partie du moins, la conservation du cerveau pendant des siècles.

« Ces cerveaux anciens offrent une occasion importante d’avoir un aperçu unique de l’évolution précoce de notre espèce, telles que les rôles des maladies anciennes », déclare le Dr Ross Anderson, co-auteur de l’étude. Des cerveaux probablement malades, donc, mais qui, au moins, auront eu le privilège de traverser les âges.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !