Des scientifiques viennent de révéler qu’ajouter des algues marines dans l’alimentation des vaches pouvaient réduire leurs émissions de méthane de près de 40 %. Cela impacterait ainsi l’empreinte écologique de l’élevage agricole.

« Les gaz libérés par les vaches sont polluants parce qu’ils contiennent du méthane et participent donc activement au réchauffement climatique. » Tout le monde ne se souvient pas de la première fois qu’il a entendu cette drôle d’information, pourtant vraie. Cependant, il y a fort à parier que tout le monde a eu la même réaction : la surprise d’abord, un petit pouffement de rire ensuite, et puis… Certains sont passés à autre chose, d’autres ont remis en question leur consommation de viande, et une dernière petite catégorie de personnes a décidé de s’attaquer concrètement au problème.

Ermias Kebreab, professeur au département des sciences animales de l’Université de Californie à Davis, ainsi que les post-doctorants Paulo de Méo Filho et John-Fredy Ramirez-Agudelo (de la même université) font partie de ces personnes. Ils sont les auteurs d’une étude parue le 2 décembre 2024 dans le journal PNAS.

Le professeur Ermias Kebreab // Source : Gregory Urquiaga/UC Davis
Le professeur Ermias Kebreab. // Source : Gregory Urquiaga/UC Davis

Si ce sujet peut intriguer, le professeur de sciences animales de l’UC à Davis n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Il a déjà supervisé deux autres études portant sur les moyens de réduire les émissions de méthane à travers l’alimentation des bovins. Ces travaux prouvaient que l’ajout d’algues marines permettaient une réduction de 82 % du méthane émis par les bovins d’engraissement et de 50 % par les vaches laitières.

Les bovins au pâturage : des mauvais élèves

L’étude venant de paraitre en décembre est la première portant spécifiquement sur l’alimentation des bovins au pâturage. Pour rappel, faire pâturer les bovins consiste à les faire manger sur de grandes étendues d’herbe.

Pourquoi s’intéresser spécifiquement aux bovins de pâturage ? Les vaches élevées en pâturage produisent plus de méthane, par rapport aux bovins d’engraissement et aux vaches laitières, parce qu’elles mangent plus d’herbe. Plus d’herbe signifie plus de fibres et, donc, elles produisent plus de gaz. De plus, le professeur de sciences animales a noté que la moitié des méthodes utilisées dans les autres études ne sont pas efficaces chez les bovins qui pâturent.

Vue aérienne des machines qui distribuent le complément d'algues et mesurent les émissions de méthane du bétail au pâturage. // Source : Paulo de Méo Filho / UC Davis
Vue aérienne des machines qui distribuent le complément d’algues et mesurent les émissions de méthane du bétail au pâturage. // Source : Paulo de Méo Filho / UC Davis

« Les bovins de boucherie ne passent que trois mois environ dans les parcs d’engraissement et passent la majeure partie de leur vie à paître et à produire du méthane. Nous devons rendre cet additif à base d’algues ou tout autre additif alimentaire plus accessible aux bovins de pâturage afin de rendre l’élevage bovin plus durable tout en répondant à la demande mondiale de viande », déclare Ermias Kebreab dans un communiqué de l’université de Californie.

L’impact écologique du pâturage

Faire pâturer les bovins est une méthode d’élevage employée dans une grande partie du monde, dans des zones souvent plus sensibles au dérèglement climatique, selon le professeur. « Une plus grande partie des terres est réservée au pâturage. L’élevage joue donc un rôle essentiel dans l’alimentation des 10 milliards de personnes qui peupleront bientôt la planète. Étant donné qu’une grande partie des émissions de méthane de l’élevage provient de l’animal lui-même, l’alimentation joue un rôle important dans la recherche de solutions », déclarait-il en 2021 dans un communiqué de l’Université de Californie de Davis.

Au niveau agricole, les bovins sont la première source de gaz à effet de serre. Pour cette raison, nombreuses sont les personnes qui ont décidé d’arrêter de manger de la viande. En diminuant de près de 40 % les gaz à effet de serre produit par les bovins, l’impact environnemental de l’élevage serait considérablement à la baisse. L’avenir nous dira si cette méthode se concrétisera réellement, ou si rendre les vaches écolo n’est qu’un rêve qui ne deviendra pas réalité.

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