Une étude publiée depuis peu dans Nature par une équipe de chercheurs internationale a séquencé le plus vieil ADN d’Homo sapiens. Ils ont réussi à déterminer que le croisement entre les Homo sapiens et Néandertal a eu lieu sur une période plus étroite et beaucoup plus récente qu’imaginé auparavant.

Notre histoire avec Neandertal pourrait être bien différente qu’on ne l’imaginait. Une étude publiée dans Nature, le 12 décembre 2024 démontre que le mélange entre l’ADN d’Homo sapiens et de Néandertal s’est produit il y a entre 45 000 et 49 000 ans, ce qui est beaucoup plus tard que les théories précédentes. L’équipe de recherche est composée de chercheurs internationaux et chapeautée par l’institut d’Anthropologie évolutive Max Planck en Allemagne.

En parallèle, le journal Science vient de sortir, le 13 décembre 2024, une étude dont les résultats concordent. Dans cette étude, les chercheurs démontrent que le mélange s’est produit il y a environ 50 000 ans sur une période approximative de 7000 ans.

Une réévaluation des dates

Les chercheurs savaient déjà qu’un échange d’ADN avait eu lieu entre Néandertal et Homo sapiens. Cependant, avec ces nouvelles données, la chronologie est entièrement revue.

Ils ont examiné plusieurs ossements venant de 2 sites différents. D’abord ceux de 6 individus provenant de Ranis, une ville en Allemagne, où l’un des ossements était particulièrement bien conservé et a permis d’extraire de l’ADN de bonne qualité. Ensuite, ils ont analysé l’ADN extrait du crâne complet d’une femme Homo sapiens provenant d’un site, Zlatý kůň, situé en République tchèque. Leurs deux génomes ont révélé plusieurs informations, dont certaines ont surpris les chercheurs.

Grotte de Koněprusy sur le site de Zlatý kůň en République tchèque, où les explosions en 1950 ont conduit à la découverte des restes d'une femme qui a vécu il y a environ 45 000 ans. // Source : Martin Frouz
Grotte de Koněprusy sur le site de Zlatý kůň en République tchèque, où les explosions en 1950 ont conduit à la découverte des restes d’une femme qui a vécu il y a environ 45 000 ans. // Source : Martin Frouz

Des informations surprenantes

D’abord, ils ont découvert que l’individu de Ranis et celui venant de République Tchèque vivaient il y a 45 000 ans, à peu près. Il s’avère donc que leurs génomes sont les plus anciens d’Homo sapiens séquencés jusqu’à aujourd’hui.

Ensuite, ils ont pu prouver qu’au niveau de l’aspect physique, les 2 individus avaient une couleur de peau et de cheveux plutôt foncés et les yeux bruns. Cela montre qu’ils possèdent un héritage africain récent, d’après les chercheurs. Par ailleurs, il s’est trouvé que les deux individus possédaient un lien de parenté au 5e ou 6e degré.

Enfin, les chercheurs ont analysé l’ADN de ces Homo sapiens en profondeur pour essayer de comprendre son intrication avec celui de Neandertal. Ils ont découvert que le mélange de leur ADN avec celui de Neandertal provenait d’une seule et même vague de reproduction entre les 2 espèces. Celle-ci s’est déroulée « il y a entre 45 000 et 49 000 ans, presque certainement au Moyen-Orient », ont déclaré les scientifiques, comme le rapporte un article du magazine Nature.

Illustration de Zlatý kůň, qui appartenait à la même population que les individus Ranis  // Source : Tom Björklund pour l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutive
Illustration de Zlatý kůň, qui appartenait à la même population que les individus Ranis // Source : Tom Björklund pour l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive

Cependant, dans l’ADN des individus de Ranis et de République Tchèque, il n’y a pas de preuve qu’après cette vague unique de reproduction il y ait eu d’autres mélanges plus récents avec Néandertal. « Le fait que les groupes humains modernes, qui sont peut-être arrivés en Europe plus tard, portent une telle ascendance de Néandertal alors que Ranis et Zlatý kůň ne le portent pas, pourrait signifier que l’ancienne lignée Zlatý kůň/Ranis est peut-être entrée en Europe par une voie différente ou ne pas se chevaucher aussi largement avec les régions où vivaient les Néandertaliens », déclare Kay Prüfer qui a co-supervisé l’étude dans un communiqué de l’Institut Max Planck.

Toutes personnes de nos jours n’ayant pas de racines africaines a, dans son héritage génétique, des traces d’ADN de Néandertal. Ce qui veut dire que leurs ancêtres ont croisé et se sont reproduit avec des Néandertaliens peu de temps après avoir quitté l’Afrique, pour ensuite s’éparpiller dans le monde.

Les individus de Ranis et Zlatý kůň portent, eux, dans leur ADN, les mêmes parties héritées de Neandertal que les humains modernes. Ils n’ont, cependant, pas de descendance aujourd’hui car ils se sont rapidement séparés du reste de la population et donc, leur branche s’est éteinte.

Johannes Krause, l’un des auteurs principaux de l’étude, explique : « Ces résultats nous permettent de mieux comprendre les premiers pionniers qui se sont installés en Europe ». Comme quoi, notre ADN a encore beaucoup à nous révéler sur notre histoire millénaire…

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