Qu’adviendra-t-il de l’espèce humaine si elle n’arrive pas à contrer le changement climatique ? Beaucoup ont placé leurs espoirs dans les cieux, au sens figuré comme au sens propre, à en juger par le développement des fusées SpaceX d’Elon Musk. Et si on ne regardait pas dans la bonne direction ? La solution pourrait se situer bien plus profondément sous nos pieds qu’on le l’imagine.
Dans une étude, publiée le 10 décembre 2024 dans le journal Nature Scientific Reports, des chercheurs ont imaginé une manière innovante et quelque peu inattendue pour lutter contre le réchauffement planétaire. Mukul Sharma, professeur des sciences de la Terre à l’université de Dartmouth dans le New Hampshire, a supervisé les deux auteurs principaux de l’étude, Diksha Sharma et Vignesh Menon.
Le zooplancton, un petit rouage dans une machine naturelle
Reprenons depuis le début. Nous savons tous que les océans sont, avec les forêts, les « poumons de la terre ». En effet, ils participent à la régulation du climat en permettant de stocker du CO2 dans leurs profondeurs, ce qui réduit l’effet de serre. Ce processus est appelé la « pompe biologique marine à carbone ».
Comment fonctionne cette pompe ? Les algues, aussi appelées phytoplancton, effectuent la photosynthèse qui transforme, avec de l’eau et du soleil, le CO2 de l’atmosphère en une matière organique dissoute. Malheureusement, cette matière dissoute est, dans 90 % des cas, re-minéralisée par les bactéries marines. Elle devient alors du carbone inorganique dissous (DIC) qui peut être libéré à la surface de la mer, sous forme de CO2 dans l’atmosphère. Le temps nécessaire au DIC pour être re-minéralisé dépend de la profondeur de l’océan dans lequel il se trouve, ainsi que d’autres facteurs — comme le fait qu’il forme ou non de gros agrégats ou le fait qu’il soit ingéré par du zooplancton.
Objectif : accélérer la pompe biologique naturelle
« Normalement, seule une petite fraction du carbone capturé à la surface parvient dans les profondeurs de l’océan pour y être stockée à long terme », explique, dans un communiqué, Mukul Sharma.
Sa découverte a pour but d’accélérer cette « pompe marine » naturelle. Les chercheurs ont découvert que lorsqu’ils pulvérisent de la poussière d’argile à la surface de l’océan, l’argile se fixe au carbone libéré par les algues à la fin d’une floraison. Les bactéries marines produisent une matière collante qui lie ensemble l’argile et le carbone. Elles deviennent alors de petites boulettes collantes, appelées des « flocs », qui seront mangées par le zooplancton.
Plus tard, continue Mukul Sharma, « le zooplancton génèrera des excréments chargés d’argile qui coulent plus rapidement. Ces particules [les flocs] sont destinées à être mangées par ces petits poissons. Nos expériences ont montré qu’ils ne peuvent pas déterminer s’il s’agit d’argile et de phytoplancton ou seulement de phytoplancton : ils les mangent, tout simplement. Et lorsqu’ils les expulsent, ils se trouvent à des centaines de mètres sous la surface et tout ce carbone s’y trouve également. »
Si les flocs ne sont pas consommés par le zooplancton, cela ne les empêche pas de couler également. D’ailleurs, au fil de leur descente, ils deviendront de plus en plus lourds, selon l’étude menée par la Dartmouth University.
Le bon contexte océanographique reste à trouver
Attention, cependant, il ne s’agit pas juste d’aller s’amuser à déverser de l’argile à la surface des océans. Le professeur Sharma insiste sur le fait qu’il faut trouver le bon « contexte océanographique » pour cette procédure.
Il prévoit donc d’effectuer plusieurs tests, notamment en vaporisant de l’argile le long des côtes sud-californiennes dans des zones concentrées en algues marines. « Nous devons d’abord comprendre l’efficacité à différentes profondeurs afin de déterminer les meilleurs endroits pour lancer ce processus avant de le mettre en œuvre. Nous n’en sommes pas encore là, nous n’en sommes qu’au début. »
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