C’était son vol inaugural, et elle l’a réussi. Jeudi 16 janvier 2025, la fusée New Glenn de l’entreprise Blue Origin a réussi son tout premier décollage. Cependant, un essai critique consistant à récupérer le premier étage du lanceur, comme SpaceX, a échoué.

Elle vole donc. Et on peut imaginer le soupir de soulagement qui a dû parcourir les équipes de Blue Origin lorsque sa toute nouvelle fusée, New Glenn, s’est arrachée à la gravité terrestre ce jeudi 16 janvier 2025. Car il ne s’agissait pas de n’importe quel décollage pour ce lanceur de (très) grande taille. C’était son vol inaugural, tant attendu et souvent repoussé.

Car à l’origine, New Glenn aurait dû s’envoler bien plus tôt. Dans la dernière ligne droite de sa préparation, l’entreprise américaine envisageait d’ailleurs un top départ au cours du mois de décembre. Pari hélas manqué. Puis il a été question du 10 janvier, puis du 12, du 13, du 14 et enfin du 16. À cause de la météo parfois, de problèmes techniques aussi.

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Le départ de la fusée New Glenn ce jour a enfin pu conjurer le sort qui avait l’air de s’acharner dernièrement sur Blue Origin. De quoi déclencher l’enthousiasme de Dave Limp, le patron de l’entreprise. « Nous avons réussi ! [La fusée est] orbitale. Grande soirée pour l’équipe de Blue Team », a-t-il écrit sur X.

En réalité, c’est une double première pour Blue Origin. Non seulement New Glenn vole, mais en plus c’est la première fois que la société opère une fusée orbitale, c’est-à-dire capable d’atteindre l’orbite de la Terre pour y déployer une charge utile. Son précédent engin, le New Shepard, était plus limité. Il était de classe « suborbitale ».

New Shepard New Glenn
Une infographie comparant les deux fusées. // Source : Blue Origin

Une fusée plus modeste, donc, mais qui a beaucoup servi à Blue Origin pour préparer le développement du New Glenn, à la fois en termes d’expériences et pour explorer la voie de la ré-utilisabilité. En effet, le New Glenn doit lui aussi faire comme SpaceX et ses fusées : ramener les étages du lanceur sur Terre, de façon maitrisée, pour les remployer après.

Après le décollage, des points d’étape réguliers et rassurants ont été livrés par Blue Origin tout au long de l’ascension : quand le lanceur a atteint sa contrainte mécanique maximale, franchit la « frontière » entre l’atmosphère et l’espace, procédé à la séparation avec le premier étage ou encore allumé et éteint le deuxième étage.

Le raté du retour contrôlé du premier étage

Mais cette aventure réussie a aussi connu un ressort dramatique au fil de son déroulé : le premier étage, qui devait revenir de façon contrôlée sur Terre, a été hélas perdu en cours de route. La mauvaise nouvelle a été officialisée sur le compte X de Blue Origin, dans des circonstances qui restent encore à éclaircir.

« Nous avons perdu le booster pendant la descente », a ainsi écrit le groupe sur le réseau social. « Nous savions qu’il était ambitieux de faire atterrir le premier étage du premier coup. Nous allons apprendre, affiner et appliquer ces connaissances lors de notre prochain lancement au printemps. Nous sommes ravis du résultat d’aujourd’hui. »

La tentative de récupération du premier étage était un objectif longtemps prévu, mais ces derniers jours l’entreprise américaine avait rappelé qu’elle ne s’attendait pas forcément à y arriver du premier coup. Cela, même si une plateforme d’atterrissage avait quand même été déployée dans l’océan l’Atlantique, à quelques centaines de kilomètres des côtes américaines.

New Glenn
La fusée, quand elle était encore sur son pas de tir. // Source : Blue Origin

Mais d’autres lancements auront lieu et, assurément, d’autres tentatives, exactement sur le même mode que SpaceX : on lance, on expérimente, on échoue parfois, et on recommence. L’histoire de SpaceX est jalonnée de ce type d’échecs, avec des étages qui ratent la barge, ou s’écrasent dessus, avant d’y arriver.

L’objectif principal n’était de toute façon pas là pour Blue Origin : le but était surtout de faire décoller la fusée, et lui faire atteindre l’orbite prévue. C’était ça le cœur de la mission NG-1 du jour. Le reste était du bonus. Autre bonne nouvelle : les opérations de rallumage des moteurs ont réussies et la charge utile Blue Ring « reçoit des données et fonctionne bien. »

Pour les fans d’aérospatiale, pas le temps de souffler cependant. Dans la soirée du 16 janvier (heure de Paris), une autre énorme fusée doit s’envoler à son tour : le Starship entamera en effet son 7e vol d’essai, avec à la clé une nouvelle tentative de récupération du premier étage. Sauf report, il y aura bien un duel de fusées géantes à distance.

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