VIDÉO : la désintégration de la fusée Starship filmée depuis un avion

Les passagers du vol Delta DL 1984 du 16 janvier n’ont pas dû en croire leurs yeux en regardant à bâbord, au moment de survoler les Caraïbes. En effet, alors que le crépuscule s’installait dans la région, des traînées lumineuses en grand nombre pouvaient être visibles dans le ciel. Comme s’il s’agissait d’une pluie d’étoiles filantes.

Sauf qu’il ne s’agissait en rien de la rentrée atmosphérique d’un essaim de météores, comme les Perséides, les Draconides ou bien les Orionides. Ces traits incandescents, qui semblent griffer la voûte céleste, sont le résultat de la désintégration du Starship dans l’atmosphère. Et la scène a pu être filmée par l’un des passagers du vol.

Le Starship, réduit à l’état de débris brûlants

Ce passager, Bob Beresh, a mis en ligne sa vidéo sur YouTube, qui a déjà été vue plus de 500 000 fois. Elle offre un angle inédit de la perte du Starship, peu après la séparation des deux étages. Si le premier est rentré à bon port, en réussissant sa fameuse manœuvre pour « tomber » dans les bras de la tour de lancement, le second s’est désagrégé en plein vol.

Bob Beresh a eu de la chance de se trouver au bon endroit, au bon moment. Son vol, qui partait de l’aéroport international Grantley-Adams (Barbade), se rendait à Atlanta (États-Unis). La trajectoire de l’avion l’amenait donc à « croiser » le décollage du Starship, qui avait été planifié finalement pour le 16 janvier, après quelques reports.

Pour ce tir, le Starship devait partir de la base d’essais de SpaceX, tout au sud du Texas, puis larguer le premier étage au-dessus du golfe du Mexique. C’est lors de la seconde partie que l’étage supérieur a lâché. Il aurait dû survoler le Mexique, les Caraïbes, l’Atlantique, l’Afrique et finir sa course dans l’océan Indien, au large de l’Australie.

D’ailleurs, l’intéressé savait ce qu’il se préparait. « Sachant que le lancement du Starship était prévu, je regardais vers l’ouest, espérant voir un panache dans l’atmosphère », dit-il. Cette fumée est souvent visible sur de grandes distances : elle a même été vue depuis la Station spatiale internationale. Le vidéaste précise que la scène a été captée à 17h49 (heure locale).

Finalement, ce n’est pas à un panache auquel il a eu droit, mais aux ultimes moments du Starship se consumant dans l’atmosphère. Il ne pouvait guère y avoir de scène plus spectaculaire à espérer. Surtout, un vol normal du Starship serait probablement passé inaperçu pour les passagers de l’avion, en raison de la pénombre et de la distance.

Une zone de danger pour l’aviation civile

Mais derrière la poésie de la séquence, la destruction du Starship a gêné le trafic aérien local, entraînant des retards et obligeant des avions civils dans la zone à prendre des mesures d’éloignement. Un communiqué de la FAA, l’administration de l’aviation civile aux États-Unis, qui supervise aussi les activités de SpaceX, l’a confirmé le 17 janvier.

« Pendant l’événement, la FAA a activé une zone de réponse aux débris et a brièvement ralenti les avions en dehors de la zone de chute des débris de véhicules spatiaux ou a arrêté les avions à leur point de départ. Plusieurs avions ont demandé à se dérouter en raison d’un faible niveau de carburant alors qu’ils se trouvaient en dehors des zones touchées. »

On ignore à ce stade combien de temps le Starship devra rester au sol, à la suite de cet incident, le plus spectaculaire à ce jour dans l’histoire du lanceur. Une enquête est en cours et SpaceX devra procéder à des ajustements — il s’agirait d’une fuite non loin du moteur du Starship. Le retour en vol risque de prendre du temps.