Le jour de son investiture, Donald Trump a signé un décret entamant le départ des États-Unis de l’Organisation mondiale de la Santé. Il dénonce une « escroquerie ». Les experts en santé publique, eux, signalent le danger de ce départ pour la santé mondiale et celle des Américains.

Lors de son investiture, lundi 20 janvier 2025, Donald Trump a signé une flopée de décrets présidentiels. Plusieurs d’entre eux ne sont pas passés inaperçus, comme le retrait de l’Accord de Paris, mais aussi la sortie de l’OMS — Organisation mondiale de la Santé. « L’OMS nous a escroqués », a déclaré Donald Trump.

Cette organisation, qui est une agence des Nations unies, existe depuis 1946. Dans sa constitution, on trouve notamment le principe que « la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soit sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ». Ou encore que « les résultats atteints par chaque État dans l’amélioration et la protection de la santé sont précieux pour tous ».

Logo de l'OMS // Source : WikimédiasCommons
Logo de l’OMS. // Source : WikimédiasCommons

L’agence met en œuvre une surveillance sanitaire et des actions visant à résoudre des épidémies, à partager les données sur les pathogènes émergents, à résoudre des crises sanitaires, ou encore à prévenir et éradiquer certaines maladies. Bien que l’OMS fasse parfois l’objet de critiques, il y a un consensus médical sur son importance. Au total, 194 États y adhèrent. Le seul pays membre de l’ONU qui n’est pas membre de l’OMS est le Liechtenstein (hors ONU, s’ajoute le Vatican). En 2020, Donald Trump avait enclenché — en pleine pandémie — un retrait de l’organisation sanitaire ; mais comme il y avait 1 an de délai légal, l’administration Biden était rapidement revenue en arrière.

L’impact du décret de Trump sur l’OMS

L’impact de ce décret est déjà financier : les États-Unis contribuent à l’OMS à partir de leur PIB, en plus de contributions volontaires, ce qui en fait le principal financeur. Une importante restructuration de l’agence pourrait donc avoir lieu, alors même que l’une des priorités de l’OMS est de prévenir — et de gérer — les épidémies, de même que les potentielles pandémies. À la suite des ravages du covid, l’OMS et ses États membres ont entamé des négociations pour un traité international sur les pandémies, dédié à la prévention autant qu’à un plan d’action. Plus largement, l’OMS travaille à éradiquer la poliomyélite, la tuberculose, ou encore à prévenir le VIH.

Le départ des États-Unis de l’OMS signifie par ailleurs que les CDC — le réseau d’agences sanitaires sur le sol étasunien — n’auraient plus accès aux informations mondiales fournies par l’organisation. Par exemple, comme le rappelle le New York Times, en 2020, quand la Chine a pu séquencer le génome du coronavirus SARS-CoV-2, les données ont été transmises à l’OMS, partagées ensuite aux pays membres. Pour la mise au point de vaccins, de médicaments et autres solutions médicales, de même qu’en cas de crise sanitaire émergente, l’accès aux données de l’OMS est assez déterminant.

« Une décision présidentielle cataclysmique »

Lawrence Gostin

Des nombreux experts et expertes de la santé ont pris la parole depuis la signature du décret. « C’est une décision présidentielle cataclysmique. Le retrait est une blessure grave pour la santé mondiale, mais une blessure encore plus profonde pour les États-Unis », a commenté, sur X, Lawrence Gostin, directeur du Centre for Global Health Law. « Il est difficile de dire à quel point cette situation est catastrophique pour la santé publique mondiale. L’OMS a contribué à sauver littéralement des millions de vies, en particulier celles des enfants, de la malnutrition, du paludisme, de la tuberculose, du VIH, etc. », ajoute le Dr Rachel Clarke.

L’un des effets secondaires est ironiquement ce que Trump craint le plus : l’influence de la Chine. « Paradoxalement, les experts juridiques craignent que le retrait des États-Unis de l’OMS n’ouvre la voie à l’influence du gouvernement chinois », relatait The Guardian, il y a quelques jours. « L’OMS est une organisation essentielle et le retrait des États-Unis crée un vide politique qu’un seul pays peut combler, à savoir la Chine », confirme le Dr. Ashish Jha à CNN.

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