2024 YR4. Ce nom ne vous est sans doute pas encore familier, mais il pourrait bien le devenir lors des sept prochaines années. La raison ? Il désigne un astéroïde découvert tout récemment et dont la trajectoire a une chance de lui faire croiser celle de la Terre. Une chance très mince, mais pas une chance nulle.
C’est la conclusion à laquelle sont parvenues le 29 janvier l’agence spatiale américaine (NASA) et son homologue européenne (ESA) dans une inhabituelle communication. À ce stade, la probabilité d’une collision est évaluée un peu au-dessus de 1 % — ce qui signifie aussi, en creux, qu’il y a environ 99 % de chance que rien ne se produise.
Sur l’échelle de Turin, qui classe la gravité d’une collision entre zéro (aucun risque) et dix (catastrophe globale), 2024 YR4 est classé à 3. Sur l’échelle de Palerme, qui a un rôle similaire d’évaluation de ce risque, mais qui est moins évidente à appréhender, la valeur affichée est aussi préoccupante.
En outre, cette évaluation est susceptible d’évoluer à l’avenir, et possiblement de façon plus favorable. C’est ce sur quoi la NASA a tenu à mettre l’accent : « Cette analyse initiale évoluera avec le temps, au fur et à mesure que de nouvelles observations seront recueillies ». Ainsi, ce danger peut tout à fait tomber à zéro après de nouveaux calculs.
C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à d’autres géocroiseurs qui semblaient être une potentielle menace par le passé. À mesure que le suivi s’est affiné, et les mesures ajustées, tous les objets potentiellement problématiques ont fini par être « déclassés ». C’est peut-être ce qu’il se produira avec 2024 YR4 d’ici au 22 décembre 2032, date de la possible rencontre.
De premières indications disent que 2024 YR4 a un diamètre évalué entre 40 et 100 mètres et sa masse aux alentours de 220 000 tonnes, en partant du principe d’une densité moyenne de 2,6 g/cm3. En cas d’impact, et selon l’angle et la vitesse (de 13 et 17 km/s), l’impact équivaudrait à libérer une énergie équivalente à 8 mégatonnes de TNT.
Pour une comparaison courante, l’explosion de la première bombe atomique sur le Japon, le 6 août 1945, était calibrée pour une puissance d’environ 15 kilotonnes. C’est 533 fois moins. Mais en comparaison de la Tsar Bomba, plus puissance bombe thermonucléaire jamais testée, 2024 YR4 fait pâle figure, en atteignant moins de 20 % de sa puissance.
Dès lors, en cas de collision avérée, les dégâts potentiels pourraient être significatifs à un degré local, voire régional, mais pas au point de mettre en péril tout un continent ou le monde entier. Ils pourraient être semblables à l’évènement de la Toungouska, qui est généralement attribué à la chute d’un astéroïde en Sibérie en 1908.
L’impact a libéré une énergie environ 1 000 fois supérieure à l’explosion de Hiroshima, détruisant la forêt sur 20 km et causant des dégâts dans un rayon de 100 km. Avec Paris comme épicentre, les effets auraient atteint des villes comme Orléans, Rouen, Amiens ou encore Reims, bien au-delà de l’Île-de-France.
Des mesures à préciser en 2028, car 2024 YR4 redeviendra visible
Selon l’ESA, il est toutefois trop tôt pour déterminer l’endroit sur Terre où le géocroiseur pourrait frapper, à supposer que les deux trajectoires se croisent vraiment — par ailleurs, il est à noter que la Terre reste recouverte à 70 % d’eau. Dans ce cas, c’est possiblement davantage la menace d’un tsunami qui serait à redouter.
Les caractéristiques estimées de l’astéroïde géocroiseur, que l’on peut lire sur le site du CNEOS (Center for Neath Earth Object Studies), nécessitent toutefois être précisées. C’est un objet que l’on connait encore mal, puisqu’il n’a été découvert que récemment, le 27 décembre 2024, via une station du système de dernière alerte basée au Chili.
Comme « la possibilité d’un impact ne peut pas encore être totalement exclue », l’ESA signale que deux groupes en lien avec l’ONU, et dédiés aux astéroïdes, ont été prévenus : le Réseau international d’alerte aux astéroïdes (IAWN) et le Groupe consultatif pour la planification des missions spatiales (SMPAG).
Maintenant, il faudra faire preuve de patience, car 2024 YR4 va petit à petit devenir moins facile à suivre à mesure qu’il s’éloigne de la Terre — avant de revenir. Selon l’ESA, le géocroiseur — s’il ne disparait pas entretemps — reviendra observable à partir de 2028. Il sera alors temps d’améliorer les observations. Et de prendre les dispositions adéquates, si besoin.
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