La baleine, cet animal gigantesque, mastodonte qui règne sur les océans, est aujourd’hui en voie de disparition. Ces géants marins contribuent encore plus que nous le pensions à leur écosystème. En effet, des chercheurs de l’Université de Washington ont publié une étude montrant que leurs excréments étaient, dans le passé, des fertilisateurs des sols océaniques. Publiée en janvier dans la revue scientifique Communication Earth and Environment, elle a été communiquée ce 6 février 2025.
L’impact de la chasse aux baleines
Suite à la grande chasse aux baleines au XXe siècle, qui a tué environ 1,5 million de baleines, beaucoup s’imaginaient que le krill (appelé aussi plancton) se développerait en masse, étant débarrassé de son prédateur principal. Cependant, c’est le phénomène inverse qui s’est produit : la population de krills a aussi diminué.
Alors, comment l’expliquer ? Les chercheurs de l’Université de Washington soutiennent, par leur recherche, une théorie selon laquelle les excréments de baleines constituaient un engrais important pour fertiliser les sols marins. Leur étude examine 5 échantillons d’excréments de baleines.
Randie Bundy, auteur principal, explique dans un communiqué : « L’hypothèse est que les baleines ajoutaient en fait des nutriments à l’écosystème que ces phytoplanctons étaient capables d’utiliser, de sorte qu’elles fleuriraient davantage et que le krill pourrait ensuite les manger ».
Le caca des baleines, source de fer et de cuivre
En effet, l’étude publiée montre que les déjections des baleines contiennent beaucoup de fer et de cuivre sous une forme non toxique. Ces deux éléments sont essentiels pour la croissance des écosystèmes, mais rare dans les fonds marins. Des recherches précédentes avaient démontré que les selles des baleines contenaient aussi de l’azote et du carbone, des nutriments aussi très important.
« Dans l’océan Austral, le fer est considéré comme l’un des nutriments les plus rares ou les plus limitants dont le phytoplancton a besoin pour survivre », raconte l’auteur principal de l’étude. Du fer a été retrouvé dans tous les échantillons analysés. De plus, Randie Bundy explique : « Nous avons été vraiment choqués par la quantité de cuivre qu’il y avait dans le caca de baleine. Nous avons d’abord pensé : ‘oh, non, le caca de baleine est-il vraiment toxique ?’ ». Par la suite, il s’est avéré qu’il était présent sous une forme non toxique.
Le rôle des bactéries intestinales
Comment se fait-il que le cuivre soit sous forme non toxique ? L’étude a prouvé qu’il était attaché à des ligands, des molécules organiques, qui annulent leur toxicité. L’hypothèse des scientifiques concernant l’origine des ligands se tourne vers les bactéries présentent dans l’estomac des baleines.
Patrick Monreal, premier auteur de l’étude a déclaré : « Je pense que les animaux jouent un rôle plus important dans les cycles chimiques que de nombreux experts ne le leur attribuent, en particulier lorsqu’on pense à l’échelle de l’écosystème. Quand je dis animaux, je veux vraiment dire leur microbiome intestinal. D’après ce que nous voyons, il semble que les bactéries présentes dans les intestins des baleines pourraient être importantes ».
Comme disait le chimiste Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »… et ce, jusqu’aux excréments des baleines. Si ça, ça n’est pas une bonne raison de protéger les océans !
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