Dans une vidéo, on aperçoit pour la première fois une baudroie abyssale vivante, à une profondeur où elle a pu être directement filmée. Cette espèce est d’ailleurs pleine de surprises.

Cette vidéo qui a fait le tour du monde le weekend dernier est un événement dans le monde scientifique : partagée par l’ONG espagnole Condrik Tenerife, elle permet de voir une baudroie abyssale, aussi surnommée « diable noir des abysses ».

Ces images constitueraient « la première observation enregistrée dans le monde d’un diable noir vivant, en plein jour et à la surface !! », s’enthousiasme l’ONG (points d’exclamation compris) dans son post sur Instagram, publié le 6 février 2025. Un poisson qu’elle décrit comme « légendaire ».

Melanocetus johnsonii, ou baudroie des abysses. // Source : Ryan Somma — Flickr / Wikimédias
Melanocetus johnsonii, ou baudroie des abysses. // Source : Ryan Somma — Flickr / Wikimédias

Le méchant dans Nemo est une baudroie abyssale

Comme son nom l’indique, le diable noir des abysses habite… les abysses. Cette vidéo, prise à deux kilomètres des côtes de Tenerife, est particulièrement inhabituelle et même inédite. Les images que l’on avait auparavant étaient celles de larves, ou prises par des sous-marins plongeant au plus profond de l’océan, ou encore des spécimens morts. Sur la vidéo, il est vivant.

Le diable des abysses habite l’océan, jusqu’à 2 000 mètres de profondeur. Cette espèce, qui ne comporte qu’un seul genre connu en termes de taxonomie, est très singulière :

  • La femelle possède une énorme mâchoire, similaire à celle d’une plante carnivore.
  • La femelle est bien plus grosse que le mâle (elle fait environ 20 cm à l’âge adulte, et lui, 3 cm). C’est du dimorphisme sexuel. C’est elle qui le nourrit, celui-ci étant accroché à elle à l’arrière. Encore plus atypique dans le monde animal, le mâle est par ailleurs décrit comme un « parasite », ainsi le processus de reproduction est appelé parasitisme sexuel, un cas rare voire unique à un tel stade.
  • C’est le système immunitaire de la baudroie qui permet ce parasitisme. Des parties entières de ce qu’on considère comme un système immunitaire « habituel » ont disparu chez la baudroie, ce qui lui permet d’accueillir le mâle, afin que celui-ci se greffe littéralement à elle.
Source : Dr Tony Ayling / Wikimédias
Source : Dr Tony Ayling / Wikimédias
  • Elle possède un organe bioluminescent sur le haut du corps. Cette sorte de canne à pêche qui débouche sur une « ampoule » naturelle est permise grâce à un phénomène de symbiose avec des bactéries — ce sont elles qui sont bioluminescentes. Il s’agit d’une forme de coopération interespèces. Cet organe lui permet d’appâter des proies, en l’agitant.

La baudroie abyssale habite les mers tropicales et subtropicales « du monde entier », elle est « largement répandue ».

Les particularités de cet animal en ont fait un méchant idéal dans Le Monde de Némo, célèbre film où l’on voit une baudroie abyssale essayer de manger Némo et Dory.

La baudroie dans Le Monde de Némo. // Source : Disney
La baudroie dans Le Monde de Némo. // Source : Disney
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