L’astéroïde 2024 YR4 frappera-t-il la Terre ou non ? Pour l’heure, le risque d’une collision avec la Terre est très limité, selon les dernières projections de l’agence spatiale américaine (NASA). Le risque a été évalué à 0,28 % le 20 février. Deux jours auparavant, la probabilité avait cependant atteint 3,1 %, avant correction, ce qui correspondait à un record historique.
Quoi qu’il en soit, même si les chiffres sont à prendre avec des pincettes, le consensus parmi les astronomes semble être de considérer que les risques d’un impact sur la planète bleue sont extrêmement faibles. Ce qui ne doit pas empêcher d’étudier avec attention ce rocher repéré il y a à peine deux mois et qui a déjà beaucoup fait parler de lui.

Comme les télescopes sont braqués sur lui autant que possible, on pourrait penser que les conséquences d’un impact avec la Terre pourraient être assez aisément évaluables. Pas forcément ! Au contraire, répondre à cette question est loin d’être simple. Même si la trajectoire de 2024 YR4 est étudiée de très près, ses dimensions et sa composition sont beaucoup moins bien connues, ce qui influe sur les dégâts qu’il pourrait causer au sol.
La taille de l’astéroïde ne fait pas tout
L’étude la plus précise à ce sujet nous vient de l’ESA. L’agence spatiale européenne a calculé que l’astéroïde mesurerait de 35 à 75 mètres, avec une probabilité forte pour que son diamètre atteigne les 40 mètres. Si l’on en reste là, cela voudrait dire qu’il correspond plus ou moins à l’astéroïde qui avait provoqué l’événement de la Toungouska en 1908. À l’époque, ce qu’on pense être un astéroïde avait détruit environ 2 000 km² de forêt avec une puissance équivalente à un peu plus de 300 fois l’explosion de Hiroshima… Ce qui correspond quasiment à la superficie de l’île de la Réunion ! Nous ne sommes donc pas du tout sur une catastrophe planétaire, comme ce fut le cas avec la météorite qui a mis fin aux dinosaures, il y a 66 millions d’années. Il n’en demeure pas moins que dégâts pourraient tout de même être importants s’il tombait sur une zone peuplée.

Cela dit, la taille seule ne permet pas de jauger des probables effets au sol. L’étude de l’ESA relève ainsi « qu’il n’y a pas beaucoup d’informations sur la forme. La courbe de lumière suggère un aspect plutôt allongé (…). L’aspect dans le ciel est quasiment identique pour toutes les données, donc c’est très dur d’avoir la moindre certitude sur la forme. »
Les astronomes pensent que lorsque l’objet reviendra dans notre champ de vision, en 2028, il sera plus facile de l’observer et, par conséquent, d’avoir davantage d’informations.
Un astéroïde de fer… mais fragile
La composition de l’astéroïde a également une incidence. L’étude de l’ESA suggère que 2024 YR4 pourrait être un astéroïde de type S, c’est-à-dire riche en métaux et en silicates de fer. À première vue, cela serait une mauvaise nouvelle, car ces éléments sont plus durs que la simple roche, et pourraient avoir tendance à mieux résister à une entrée atmosphérique. Au lieu de se désagréger comme n’importe quelle étoile filante, l’astéroïde parviendrait donc à atteindre — et heurter — le plancher des vaches.
Mais en théorie seulement, parce que cela dépend d’une autre donnée : sa solidité. Certains astéroïdes sont formés d’un seul bloc, souvent détaché d’un ancien corps plus grand qui s’est fragmenté. En outre, les observations suggèrent que celui-ci aurait une rotation rapide, ce qui entraîne une autre possible conséquence décrite par l’étude de l’ESA : « Il n’a pas besoin d’une cohésion importante pour maintenir sa forme. Il pourrait très bien être un empilement de roches diverses et n’est pas forcément monolithique. »
Dans ce cas, il est plus probable que 2024 YR4 ne résiste pas à son entrée dans l’atmosphère terrestre, ce qui provoquerait plutôt une explosion atmosphérique. Les dégâts seraient tout de même conséquents, et peut-être analogues à ceux de Toungouska qui a probablement connu le même scénario, sans cratère d’impact, mais avec un souffle tel qu’il est capable de ravager des milliers de km² aux alentours.
En attendant le télescope James Webb
Toutes ces données pourraient être confirmées ou non d’ici à quelques semaines à peine. Lorsque l’astéroïde deviendra plus visible, vers le début du mois de mars, le télescope spatial James Webb (JWST) l’observera en infrarouge, ce qui nous donnera des informations bien plus précises sur sa forme et sa taille. Après seulement quatre heures d’observation, le JWST devrait mettre fin à quelques incertitudes.

Enfin, il reste un dernier aspect à savoir en cas de collision : où cela aura-t-il lieu ? Certains scénarios particulièrement optimistes imaginent un impact avec la Lune, ce qui n’aurait aucune conséquence sur la Terre, à l’exception d’un beau spectacle céleste à observer.
Mais si l’impact a bien lieu sur la Terre, c’est l’hémisphère sud qui serait menacé. Parmi les zones possibles, la Colombie, le Venezuela ou même la Guyane. Également en Afrique, une bande allant du Nigeria jusqu’au Yémen, ou bien l’Inde. Sans oublier une grande chance que cela ait lieu dans l’océan Atlantique.
À ce stade, une question se pose : à quoi bon étudier tout cela sachant que cette fameuse collision ne se produira sans doute jamais ? Plusieurs raisons sont à rappeler : tout d’abord, même avec un risque faible, les conséquences seraient si énormes qu’elles méritent que l’on prenne quelques précautions ! Si jamais il faut attendre 2028 pour lever l’incertitude, ce sera possiblement trop tard pour mettre sur pied une mission comme DART pour dévier l’astéroïde avant l’échéance de 2032.
Par ailleurs, ce type d’études nous renseigne sur la manière dont les astéroïdes passés ont influé sur la composition et l’évolution de la Terre lors de ses milliards d’années d’existence. Récemment, une étude s’est penchée sur les conséquences de la collision de Bennu, qui a juste 0,037 % de se produire ! Une manière d’assouvir une curiosité scientifique et de comprendre comment d’autres collisions bien réelles ont pu, par le passé, modeler notre planète et son climat.
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