Sur le papier, tout cela n’est qu’un test. Mais symboliquement, le moment sera fort : sauf coup de théâtre, ce sont dans les prochains jours que doit avoir lieu le tout premier vol d’essai de Spectrum, la fusée bâtie par l’entreprise allemande Isar Aerospace. Sa particularité ? Elle est considérée comme le tout premier lanceur à s’élancer depuis l’Europe continentale.
Une première européenne
C’est en effet en ces termes que Josef Aschbacher, le directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), évoque le tir de Spectrum : « quelle que soit l’issue, le prochain lancement de Spectrum par Isar Aerospace sera historique. Il s’agira du premier lancement orbital commercial depuis l’Europe continentale. »
Une description qui n’est pas usurpée : l’aéroport de Newquay Cornouailles, qui a servi d’écrin pour tenter un lancement de fusée depuis un avion, se trouve au Royaume-Uni. Quant à Esrange, en Suède, c’est une base qui se focalise sur les lancements suborbitaux, les départs de ballons-sondes et sert de terrain d’essais pour de futures fusées.
Quant aux cosmodromes russes, ils se situent en Asie pour la plupart. Les deux installations les plus à l’ouest, Kapoustine Iar et Plessetsk, sont avant tout des installations militaires pour des tirs de missiles. Un bémol toutefois : la base située à Plessetsk, assez proche de la Finlande, a déjà accueilli des missions orbitales.
Mais si l’on prend une définition plus resserrée de l’Europe, au sens des pays de l’UE ou liés à l’ESA, ce sera effectivement une grande première.

Selon le dernier point d’étape de la société, effectué dans la matinée, le vol devait advenir entre 12h30 et 15h30 (heure de Paris) à partir de la base de lancement d’Andøya, située dans l’extrême-nord de la Norvège, au-delà du cercle polaire. Cependant, les conditions météorologiques se sont avérées trop mauvaises, et le tir a été décalé.
Historiquement, c’est surtout depuis le centre spatial guyanais, près de Kourou, que les lancements européens ont lieu. Les pays du Vieux Continent profitent de la présence en Amérique du Sud d’une collectivité territoriale française, la Guyane, pour faire partir toutes sortes de missions. Et cela, depuis les années 1960.
Le port spatial européen est idéalement situé, car la région se trouve à une latitude proche de celle de l’équateur. Pratique pour envoyer des fusées Ariane, Vega et Soyouz dans l’espace, en profitant notamment d’un effet de fronde causé par la rotation de la Terre. En outre, le port est situé face à l’océan Atlantique, ce qui n’expose pas les populations.
Le principe d’un lanceur orbital est d’être en mesure de délivrer une charge utile dans l’espace pour qu’elle puisse se placer en orbite autour de la Terre (ou pour envoyer leur cargaison dans l’espace, comme une sonde interplanétaire). La fusée suborbitale, elle, peut atteindre l’espace, mais n’a pas la vitesse suffisante pour viser une mise en orbite.

Une petite fusée pour des faibles charges
C’est donc à cela que veut prétendre Isar Aerospace, si les choses tournent bien. Comme il s’agit d’une grande première, il y a toujours un risque que les choses tournent mal pour la fusée haute de 28 mètres et composée de deux étages. En théorie, le véhicule est capable d’acheminer une tonne de charge utile en orbite terrestre basse.
Il reste maintenant à savoir si Spectrum parviendra à atteindre l’orbite lors de ce premier vol, ou si un raté surviendra sur le pas de tir ou durant le vol ascensionnel. Dans tous les cas, Isar Aerospace va surtout en profiter pour amasser un maximum de données qui serviront à affiner ses modèles et la conception de son lanceur, en prévision des futurs vols.
C’est ce qu’a rappelé Josef Aschbacher dans son message, en souhaitant à « Isar Aerospace une excellente journée de lancement par beau temps ». Car au-delà de la symbolique, il y a aussi un enjeu pour l’Europe : consolider son autonomie en matière d’accès à l’espace, en disposant d’un autre spatioport et de lanceurs additionnels, pour d’autres besoins.
(mise à jour avec le report pour cause de mauvais temps)
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