Le cerveau peut-il se digérer lui-même ? Drôle de question, et pourtant… une étude vient de montrer que ça n’est pas totalement impossible lors d’un effort intense.

Le cerveau pourrait utiliser un de ses propres composés comme source d’énergie lors d’un effort intense, comme un marathon. Cette nouvelle étude, menée par le professeur Carlos Matute de l’Université du Pays Basque, a été publiée dans Nature ce 24 mars 2025.

Dans le communiqué de l’étude, les auteurs de l’étude expliquent avoir voulu comprendre « ce qui se passe dans le cerveau lorsque cette source d’énergie est au minimum, comme cela se produit lors d’un exercice physique prolongé, par exemple, un marathon ou un ultra-marathon ». Et pour cause, le cerveau utilise approximativement 20 % de notre énergie totale.

C’est quoi, la myéline ?

Les neurones fonctionnent et conduisent l’information dans notre cerveau grâce des impulsions électriques et à des messages chimiques. La myéline est une structure graisseuse qui enrobe une partie des neurones. Son rôle est de permettre une conduction plus rapide des signaux électriques le long des neurones

Lors d’un effort intense, le corps puise dans ses réserves d’énergie pour fournir l’énergie nécessaire. Il commence par utiliser le sucre, stocké dans le foie sous forme de glycogène. Il ira ensuite piocher dans les réserves graisseuses du corps.

Cependant, pour le cerveau, la myéline peut faire office de cette source de graisse, comme l’explique Carlos Matute : « Les résultats de notre étude indiquent que les cellules nerveuses en état d’hypoglycémie (faible taux de glucose) s’appuient sur des sources d’énergie alternatives, comme la myéline, une structure graisseuse qui enveloppe les axones ou les fibres nerveuses permettant aux neurones de communiquer et facilitant la propagation ultra-rapide des signaux électriques. »

L’IRM montre une diminution de la myéline chez les marathoniens après l’effort

Pour étudier l’impact d’un effort aussi important que le marathon sur le cerveau des coureurs, les chercheurs ont réalisé des imageries par résonance magnétique (IRM) sur leurs cerveaux. Ces images ont été réalisées dans les jours précédents et suivant la course et deux mois après.

Volume de myéline dans le cerveau avant le marathon, deux jours après la course, 2 d) et deux semaines après la course, 2 w), après deux mois (2 m) de récupération // Source : Ramos-Cabrer, P., Cabrera-Zubizarreta, A., Padro, D. et al. Reversible reduction in brain myelin content upon marathon running. Nat Metab (2025).
Volume de myéline dans le cerveau avant le marathon, deux jours après la course, 2 d) et deux semaines après la course, 2 w), après deux mois (2 m) de récupération // Source : Ramos-Cabrer, P., Cabrera-Zubizarreta, A., Padro, D. et al. Reversible reduction in brain myelin content upon marathon running. Nat Metab (2025).

Ils ont constaté qu’un ou deux jours après la course, la quantité de myéline avait diminué dans plusieurs zones du cerveau dont des voies motrices et sensorielles. Pour autant, elle retrouvait son taux normal dans les deux mois après l’effort.

Ce qu’implique cette découverte

Comme des dominos tombant les uns à la suite des autres, cette découverte a plusieurs implications importantes. Sur son site, Carlos Matute explique que les résultats de cette étude remettent en question l’idée communément admise selon laquelle la seule source d’énergie des neurones est le glucose et l’oxygène. Le métabolisme énergétique du cerveau s’avère donc plus complexe que précédemment imaginé.

Par ailleurs, le fait que la myéline puisse être consommée, puis se régénérer, pourrait révéler « une nouvelle forme de plasticité métabolique visant à maintenir la fonction cérébrale pendant la pénurie d’énergie ».

Enfin, ces résultats pourraient ouvrir à de nouvelles voies de recherches dans des maladies comme la sclérose en plaque ou la maladie d’Alzheimer. À Carlos Matute de conclure : « Ces résultats, qui doivent être confirmés par d’autres cas, ouvrent des pistes de recherche qui pourraient relier les maladies neurodégénératives à des altérations du métabolisme énergétique et ouvrir de nouvelles perspectives pour le traitement de ces maladies. Il s’agit d’une nouvelle voie de recherche révolutionnaire et très prometteuse ».

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