La course à l’espace est en train de conduire des entreprises privées comme SpaceX et Blue Origin à se tourner aussi en direction du créneau des lanceurs lourds. Dans le cas de la première société, c’est la fusée Falcon Heavy qui sera employé. Pour l’autre, il s’agira de miser sur New Glenn. Mais dans un cas comme dans l’autre, la Nasa n’est guère ravie de ces incursions.
C’est l’aveu que vient de faire cette semaine Charles F. Bolden, l’actuel administrateur de l’agence spatiale américaine. Lors d’une session de questions / réponses ce mardi et dont l’extrait a été rapporté par Ars Technica, il estime que ce domaine ne devrait pas (encore) être le terrain de compétition dans lequel s’engouffrent des compagnies comme SpaceX et Blue Origin.
« Si vous parlez des véhicules de lancement, nous croyons que notre responsabilité envers la nation est de s’occuper de choses que les personnes normales ne peuvent pas faire ou ne veulent pas faire, comme les gros véhicules de lancement. Je ne suis pour l’instant pas un grand fan de l’investissement privé dans les gros véhicules de lancement », a-t-il fait savoir.
Charles Bolden, qui a été dans sa jeunesse un astronaute avec à son actif quatre vols spatiaux mais aussi un ex major-général du corps des Marines, explique finalement en filigrane que SpaceX et Blue Origin devraient plutôt se concentrer sur les lanceurs légers, au lieu de se disperser. Au risque d’ignorer le fait que, justement, les deux compagnies se sentent visiblement aptes à fournir de gros véhicules de lancement.
Cela étant, l’actualité récente ne donne pas tout à fait tort à Charles Bolden.
Du chemin reste à parcourir
SpaceX est en difficulté avec son lanceur léger, le Falcon 9, dont un exemplaire a explosé au début du mois, ce qui va avoir une cascade d’effets sur ses activités à court terme. Par exemple, le premier vol du Falcon Heavy prévu à la fin de l’année est susceptible d’être reporté à l’an prochain. Embêtant, car SpaceX est notamment choisie par la Nasa pour de futures missions visant à transporter des astronautes.
Quant à New Glenn, la fusée… reste à construire. Elle ne sera pas prête avant la fin de la décennie. Par ailleurs, l’autre lanceur de Blue Origin, baptisé New Shepard, enchaîne toujours les vols de qualification ; il n’est pas du tout prêt pour effectuer ses premières missions, à savoir du tourisme spatial. Il n’est pour l’instant pas question de mettre des satellites en orbite ou de ravitailler l’ISS.
La Nasa fabrique aussi un lanceur lourd : le SLS
Quoiqu’il en soit, Falcon Heavy et New Glenn vont surtout se retrouver sur le créneau que la Nasa entend occuper avec… le Space Launch System (SLS). En cours de développement, il s’agit du futur lanceur spatial lourd de l’agence, dont le coût est évalué à 35 milliards de dollars. Coût qui est supporté par le contribuable américain, à la différence SpaceX et Blue Origin, qui s’appuient sur des fonds privés.
Certes, le SLS est un lanceur lourd dont l’objectif premier n’est pas de lancer des satellites mais de procéder à de l’exploration habitée lointaine. Il n’en demeure pas moins que cela fait du monde dans un secteur où les places sont chères. Et vu les objectifs à long terme de SpaceX et Blue Origin, à savoir du tourisme spatial voire même des missions vers la Lune et Mars, on peut comprendre la gêne de la Nasa.
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