Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Voilà, en filigrane, le message qu’a cherché à faire passer Jared Isaacman, le futur probable patron de l’agence spatiale américaine (Nasa). Comprendre : si aller sur Mars reste l’objectif de long terme des États-Unis, cela ne doit pas se faire au détriment du retour de l’Amérique sur la Lune, plus urgent.
Ce rappel des priorités n’arrive pas par hasard : il a eu lieu lors d’une rencontre avec l’influent sénateur Ted Cruz, juste avant l’audition de Jared Isaacman devant les membres de la commission du commerce, des sciences et des transports de la chambre haute du Parlement américain — une instance que Ted Cruz préside. Celle-ci est prévue le 9 avril 2025.
« M. Isaacman s’est engagé à ce que les astronautes américains retournent sur la Lune dès que possible, afin que nous puissions développer les technologies requises pour aller sur Mars. La mission lunaire DOIT avoir lieu pendant le mandat du président Trump, sinon la Chine nous devancera et construira la première base lunaire », a résumé Ted Cruz sur X (ex-Twitter).
La Lune est un objectif réaliste à court terme
Le second mandat de Donald Trump doit s’achever à la fin janvier 2029, selon les termes de la Constitution américaine, qui prévoit deux mandats maximum par personne. Cela laisse donc à peine quatre ans à la Nasa pour avancer suffisamment avec Artémis, nom donné au programme de retour des astronautes sur la Lune.
À la différence de Mars, dont l’orbite est non seulement très lointaine de la Terre, mais en plus variable dans le temps, la Lune constitue une destination « facile » : elle est beaucoup plus proche, avec un éloignement d’à peine 380 000 km (contre 55 à 400 millions de km pour Mars, selon les périodes). En outre, la Lune a déjà été visitée via le programme Apollo.

Il n’y a donc pas photo : les technologies et les connaissances actuelles du voyage spatial sont pour l’heure suffisantes et prêtes pour visiter le satellite naturel de la Terre, et y jeter les bases d’une installation permanente. Rien de tout cela pour la planète rouge, dont beaucoup d’éléments sont encore au stade expérimental, voire théoriques.
La perspective de voir des astronautes sur Mars se situe plutôt à un horizon au-delà de 2030, voire 2040, selon les projections de la Nasa — là où Elon Musk avance un autre calendrier, beaucoup plus radical, et autrement plus discutable. Malgré les nombreuses inconnues qui demeurent, l’intéressé a évoqué la possibilité d’un équipage dépêché sur place en 2028.
« Le fait de s’arrêter sur la Lune ne fait que ralentir l’arrivée sur Mars »
Ce rappel des priorités peut sonner aussi comme un désaveu pour Elon Musk, qui a les yeux rivés sur Mars, et considérant tout détour par la Lune « comme une distraction ». « Le fait de s’arrêter sur la Lune ne fait que ralentir l’arrivée sur Mars », écrivait-il le 2 avril. Malgré tout, sa société SpaceX est liée au programme Artémis et lui fournit diverses prestations.
Cette obsession martienne a fini par déteindre sur Donald Trump, dont il est désormais proche. Lors de son discours d’investiture, début 2025, le 47e président des États-Unis a évoqué un futur où les USA iront « vers de nouveaux sommets de victoire et de succès », tandis que des astronautes iront « planter la bannière étoilée sur la planète Mars ».
Reste toutefois une préoccupation bien partie pour prendre le pas sur tout le reste : l’obsession chinoise. Si la conquête de Mars est une chose, la vision de voir le drapeau chinois flotter sur la Lune avant le retour des Américains apparaît comme une motivation décisive pour ne pas dévier des plans initiaux. D’autant que Beijing progresse vite.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez la communauté Numerama sur WhatsApp !