Auditionné pour le poste d’administrateur de l’agence spatiale américaine (Nasa), Jared Isaacman a balayé plusieurs sujets devant le Sénat. Il a notamment souligné l’importance qu’il accorderait à la propulsion nucléaire pour l’exploration spatiale.

Quelles seront les priorités de Jared Isaacman, s’il prend la tête de la Nasa ? Assurément, elles seront nombreuses : auditionné le 9 avril 2025 par les membres de la commission du commerce, des sciences et des transports, au Sénat des États-Unis, l’intéressé a livré un petit aperçu des orientations qu’il aimerait donner à l’agence spatiale américaine, s’il est confirmé.

Sans surprise, Jared Isaacman a abordé dans son discours introductif les inévitables dossiers chauds qui vont l’attendre après sa vraisemblable prise de fonction : retour des astronautes sur la Lune, ambition martienne, maintien de la Station spatiale internationale jusqu’en 2030, et exploration de l’espace profond par des sondes et des télescopes.

Nasa Jared Isaacman
Jared Isaacman. // Source : NASA/Bill Ingalls

Du très classique, somme toute, mais l’intervention liminaire de Jared Isaacman a été aussi l’opportunité de braquer l’attention sur un sujet qui est peu souvent abordé par l’agence spatiale : celui de l’utilisation du nucléaire comme moyen de propulsion. Un sujet pour lequel la Nasa a pourtant tout un historique, et cela, depuis des décennies.

Celles et ceux qui aimeraient voir progresser un tel chantier peuvent avoir des raisons de s’enthousiasmer : Jared Isaacman a suggéré qu’il profitera de son mandat pour mettre l’accent sur cette technologie. « Nous concentrerons nos efforts de développement technologique sur […] l’application pratique de la propulsion nucléaire », a-t-il lancé aux sénateurs.

Aller beaucoup plus vite dans l’espace

La propulsion nucléaire permettrait d’aller beaucoup plus vite dans l’espace, et donc de réduire le temps de « vol » pour rallier un objectif comme Mars (son éloignement varie de 55 à 400 millions de km par rapport à la Terre, selon les périodes). On parle d’un voyage ramené entre trois et quatre mois, contre cinq à huit avec une propulsion chimique classique. Voire 45 jours à peine.

Aller plus vite apporte un début de solution à deux challenges : d’abord, le voyage devient plus supportable pour l’équipage. On diminue le risque d’un astronaute qui perdrait pied mentalement et qui deviendrait difficile à gérer. On réduit également l’exposition des astronautes aux radiations cosmiques, puisqu’on reste moins longtemps en transit.

Mars, vertigineuse. // Source : ESA/DLR/FU Berlin/G. Michael, CC BY-SA 3.0 IGO
Mars. // Source : ESA/DLR/FU Berlin/G. Michael, CC BY-SA 3.0 IGO

Le nucléaire est une option « intéressante pour la propulsion dans l’espace pour les missions d’exploration vers Mars et au-delà », rappelait d’ailleurs la Nasa en 2019. Cela permet « une densité d’énergie pratiquement illimitée et une impulsion spécifique deux fois plus élevée que celle des systèmes chimiques traditionnels les plus performants. »

Plutôt réacteur nucléaire que détonation nucléaire

Deux approches existent pour des fusées nucléaires : la propulsion nucléaire pulsée et la propulsion nucléaire thermique.

Dans le premier scénario, on déclenche des explosions atomiques, à l’extérieur du véhicule, pour obtenir une poussée. L’onde de choc touche alors une plaque, dont l’énergie est ensuite traduite en mouvement. L’Amérique a planché sur cette idée avec le projet Orion, dans les années 50 et 60, dans la foulée de la révolution atomique.

Dans le second, on exploite un réacteur nucléaire miniature qui chaufferait le fluide propulsif, liquide ou gazeux, à de très hautes températures. Dès lors, il s’éjecterait bien plus vite de la tuyère, ce qui aboutit à une poussée bien plus élevée que ce que proposera une motorisation plus classique. En la matière, la Nasa a travaillé sur le programme NERVA.

L’agence spatiale a planché sur d’autres chantiers, tels Rover, Longshot ou Prometheus, avec des objectifs et des calendriers divers. Aucun n’a passé le cap de l’exploitation opérationnelle pour de vraies missions. Mais les choses pourraient changer. Un prototype de fusée nucléaire appelé DRACO est en gestation. Et il pourrait arriver dès 2027.

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