Une équipe de scientifiques vient de décrire une espèce d’arthropode primitif vieille de plusieurs millions d’années. Découverte en 1918 et citée dans plusieurs recherches, elle n’avait jamais été décrite officiellement. Aujourd’hui, elle apporte de nouvelles informations sur l’évolution des espèces.

Connaissez-vous Charles Doolittle Walcott ? Eh non, ce n’est pas ce monsieur qui parle aux animaux, mais un paléontologue. En 1918, il a découvert un arthropode nommé Helmetia expansa. D’abord classée dans la catégorie des crustacés, cette espèce animale n’a jamais été officiellement décrite.

Sarah Losso, du Département de biologie organique et évolutive, accompagnée d’une équipe de scientifiques, vient de résoudre ce problème. Dans le Journal of Systematic Palaeontology paru le 4 avril 2025, ces chercheurs décrivent pour la première fois cette espèce et apportent de nouvelles informations sur son anatomie, son évolution et son comportement.

Que sait-on de cet étrange animal fossilisé ?

Qu’a-t-on découvert exactement ? Accrochez-vous, des mots tarabiscotés vont suivre. Helemtia expansa fait partie de la famille des concilitergans. Il s’agit d’un groupe d’arthropodes primitifs ayant vécu au Cambrien (qui commence il y a environ 539 millions d’années).

Diversité et relation Concilitergan // Source : Helmetia expansa Walcott, 1918 revisited – new insights into the internal anatomy, moulting and phylogeny of Conciliterga; Journal of Systematic Palaeontology, 2025 Vol. 23, No. 1, 2468195
Illustration de l’étude. // Source : Journal of Systematic Palaeontology, 2025

Ils ne possèdent pas d’exosquelette calcifié. Ainsi, trouver des restes fossilisés est particulièrement rare, car les tissus mous se désagrègent au fil du temps. Seules des conditions exceptionnelles permettent de conserver des tissus mous comme les intestins ou les pattes.

Helmetia pouvait nager, mais aussi marcher

Au fil du temps, davantage de spécimens ont été collectés, mais jamais examinés ou décrits. Or, pour décrire une espèce et éclairer l’évolution des concilitergans, comme Sarah Losso explique dans le communiqué de presse de l’Université d’Harvard, les scientifiques doivent « étudier plus d’un spécimen pour observer toute la diversité morphologique et la préservation de l’espèce ».

Son équipe a donc examiné 36 spécimens de la période cambrienne, venant du Canada et bien conservés. Les chercheurs ont pu découvrir qu’ « Helmetia possédait un exosquelette en forme de feuille, certains spécimens conservant leurs yeux, leurs yeux médians, leur système digestif et leurs membres. Les premiers arthropodes possédaient des membres dotés d’une patte ambulatoire pour la locomotion et la capture de nourriture, ainsi que d’une branchie pour la respiration ».

Auparavant, les chercheurs pensaient que cette espèce pouvait uniquement nager. Cependant, l’examen plus large de l’espèce a mis en évidence que l’animal pouvait aussi marcher.

Helmetia expansa // Source : Helmetia expansa Walcott, 1918 revisited – new insights into the internal anatomy, moulting and phylogeny of Conciliterga; Journal of Systematic Palaeontology, 2025 Vol. 23, No. 1, 2468195
Le fossile de 1918. // Source : Journal of Systematic Palaeontology, 2025

Fait exceptionnel, ils ont aussi découvert 2 spécimens aux stades de la mue. Sarah Losso explique : « On n’a jamais connu de stratégies de mue chez aucun concilitergan. Tous les arthropodes muent leur exosquelette dur pour grandir, mais personne n’avait observé ce comportement auparavant chez un concilitergan, car il faut capturer un spécimen en pleine mue, et il est difficile d’obtenir le bon timing. » 

Les scientifiques ont aussi pu observer différentes tailles d’Helmetia, ce qui leur a apporté de précieuses informations sur sa croissance.

100 ans plus tard, la résolution du mystère

Finalement, cette nouvelle étude a permis de mettre en avant l’existence de deux groupes :

  • les Helmediidae, « caractérisés par des segments délimités et des épines latérales » et auquel appartient Helmetia expansa,
  • les Tegopeltidae, qui présentent « une fusion de segments et une absence d’épines ».

Sarah Losso conclut : « Nos résultats donnent une image beaucoup plus complète de l’apparence d’Helmetia, de son mode de vie et des liens entre les concilitergans. C’est très important pour les études futures sur les Conciliterga et d’autres arthropodes primitifs. »

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