C’est une expression que vous avez certainement déjà croisé sur Internet, ou entendu à une occasion quelconque. Lorsque quelqu’un s’incruste dans une photo, volontairement ou non, on dit qu’il s’agit d’un « photobombing ». Cette intrusion vise à gâcher un peu l’ambiance du cliché, en faisant le pitre, au premier plan, ou tout derrière.
Vous avez sans doute en tête des exemples de photobombing d’humains ou d’animaux. Mais avez-vous déjà vu un photobombing de satellite ? On a eu droit un récent exemple sur Google Earth, le logiciel de visualisation de la Terre depuis le ciel. Cette bizarrerie a été partagée ces jours-ci sur Reddit et sur X (ex-Twitter).
Photobombing de Starlink sur Google Earth
Sur l’image qui a circulé courant avril, on remarque une vague forme — ou plutôt, quatre silhouettes floues — au milieu d’un décor naturel. Il s’agit en fait d’un satellite dont le passage a été saisi par un autre satellite qui évoluait sur une orbite plus élevée. En étant attentif, on distingue le corps central de l’engin et, de chaque côté, ses longs panneaux solaires.
Particularité évidente de la scène : le satellite apparaît en fait à quatre reprises dans une sorte de décomposition chromatique (rouge, bleu, vert et blanc). Un défaut de l’objectif du satellite qui a immortalisé la scène ? Plutôt la conséquence de la vitesse relative du satellite photographié par rapport au capteur, et au fonctionnement de celui-ci.

Comme le montre cette publication sur Reddit, la photo très inhabituelle a été prise au-dessus du Texas et beaucoup se demandaient quel pouvait bien être ce satellite et, accessoirement, quel était celui à l’origine du cliché. L’intelligence collective des internautes et Internet ont permis de résoudre ces deux mystères.
Comme le résume l’astrophysicien Jonathan McDowell, qui est affilié au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics à Cambridge, le satellite qui a photobombé Google Earth est l’un des très nombreux engins appartenant à la constellation Starlink, opérée par SpaceX. Il s’agirait même précisément de l’exemplaire 31147.
En fait, ce photobombing n’est pas franchement pas surprenant, compte tenu du nombre croissant de satellites évoluant autour de la Terre. On en comptabilise pas loin de 12 000 aujourd’hui, et plus de la moitié appartient à Starlink. De fait, cela a pour effet d’accroître la probabilité d’apparaître sur les prises de vue d’un satellite d’observation de la Terre.
Une image captée par un satellite français
Selon l’astronome Jonathan McDowell d’ailleurs, la photo est à mettre au crédit du satellite Pléiades-1b, qui est opéré par l’agence spatiale française (CNES — Centre national d’études spatiales). Lancé en décembre 2012, il se trouve à 695 km d’altitude. En comparaison, Starlink évolue plus bas, 200 km plus bas (le modèle évoqué se trouve à 500 km).
« Le satellite Pléiades-1b prend des images rouges, bleues, puis vertes — le satellite en dessous (supposément le Starlink 31147) s’est déplacé entre les trois images. J’ai calculé que l’image a été prise vers 17h19 le 29 novembre 2024 », estime Jonathan McDowell, comme d’autres. Le satellite Starlink 31147 a été mis en orbite le 29 décembre 2023.
Quant au décor dans lequel tout cela prend place, il a été remarqué qu’il s’agit du refuge faunique national Hagerman, qui se trouve dans le comté de Grayson, au nord du Texas. Il est d’ailleurs encore possible d’observer la trace laissée par Starlink directement sur Google Earth, en se rendant à ces coordonnées sur Maps.
L’artefact visuel laissé par le satellite rappelle également les vitesses en jeu. Un satellite Starlink, par exemple, doit filer à plus de 7 km/s pour rester en l’air et ne pas retomber sur Terre. Une allure extrêmement vive par rapport au sol mais aussi par rapport à Pléiades-1b, qui a sa propre vélocité et sa propre trajectoire.
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