La politique de coupes budgétaires, qui vise la science aux États-Unis entraîne un énième effet secondaire : les animaux de laboratoire sont, encore plus que d’habitude, en danger.

Couper les financements de la recherche entraîne une cascade d’impacts, dont un coup de frein dans des secteurs essentiels comme la santé et le climat, ou encore le renvoi du personnel. Mais dans un récit du New York Times publié le 29 avril 2025, on découvre une autre conséquence de la guerre menée par la Maison-Blanche de Donald Trump contre le financement scientifique : le destin des animaux de laboratoire.

À l’université de West Virginia, par exemple, les salariés limogés du National Institute for Occupational Safety and Health ont perdu leur accès au bâtiment. Laissant derrière eux pas moins de 900 animaux. Que deviennent ces derniers ?

« Beaucoup d’animaux vont finir par être sacrifiés — tués »

À West Virginia, sur ces 900 animaux, dont des souris et des rats, les deux tiers ont été relocalisés par l’institut vers d’autres laboratoires universitaires. En revanche, selon les sources du NY Times, les 300 animaux restants ont été euthanasiés. Les soigneurs, qui étaient les premiers visés par les licenciements, avaient refusé de partir tant que les animaux étaient encore présents.

Les souris font souvent partie des animaux de laboratoire. Leurs conditions de vie posent de sérieuses questions. // Source : Pexels
Les souris font souvent partie des animaux de laboratoire. Leurs conditions de vie posent de sérieuses questions. // Source : Pexels

À Harvard, une équipe entièrement dédiée à la recherche d’un nouveau vaccin contre la tuberculose a aussi fait les frais des coupes budgétaires. Les macaques rhésus inclus dans leur étude ont failli être euthanasiés, mais une donation privée a empêché cette issue.

Paul Locke, expert en droit des animaux de laboratoire, confirme auprès du journal : « Beaucoup d’animaux vont finir par être sacrifiés — tués. » Sauf que la situation reste difficile à évaluer : la question des animaux de laboratoire est diluée dans le secret. Paul Locke a tenté d’entrer en contact avec des scientifiques pour chiffrer le problème, mais n’a rencontré que peu de succès, car « c’est une situation qui, pour eux, n’est qu’une succession d’horreurs », indique-t-il. « S’ils doivent garder les animaux en vie, cela va coûter très cher. S’ils sacrifient les animaux, cela suscitera l’indignation de l’opinion publique. »

Les expérimentations sur les animaux font effectivement l’objet d’une remise en question éthique grandissante, ces dernières années, à l’échelle mondiale. D’autant que se développent des alternatives, comme le développement des organoïdes, des similis d’organes humains cultivés en laboratoire. Mais la transition vers une éthique de recherche plus saine et sans maltraitance animale n’est pas sans logistique : ces coupes budgétaires très soudaines peuvent au contraire aggraver la situation des animaux de laboratoire.

« Déprimant et exaspérant »

« Le fait que leur vie et leurs sacrifices ne servent à rien est à la fois déprimant et exaspérant », estime Kyle Mandler, un toxicologue limogé par les coupes, et dont l’étude a donc été terminée plus tôt que prévu. Toutes ses souris ont été euthanasiées et l’étude n’ayant pas pu se conclure, aucune donnée collectée n’aura servi.

« Pour beaucoup de ces animaux, être euthanasiés avant de faire l’objet d’expériences est probablement le meilleur scénario possible », nuance tout de même Justin Goodman, membre d’une association de lutte contre l’expérimentation animale. En effet, il ne faut pas oublier que les expériences menées peuvent être cruelles, et c’est tout le problème. Mais Goddman précise au journal qu’il resterait préférable que ces animaux soient placés dans de nouveaux foyers, plutôt qu’abattus.

Le danger est qu’en plus d’un cadre éthique déjà douteux quant à leur bien-être, les animaux de laboratoire deviennent également soumis aux aléas de politiques publiques qui ne prennent pas leur vie et leur destin en compte. Car, en plus de l’euthanasie, les coupes budgétaires peuvent aussi toucher les soigneurs, ou tout simplement dégrader des conditions de vie déjà médiocres, pour ces animaux.

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