Il semble toujours délicat d’appliquer les règles de l’e-commerce à des secteurs aussi tabous que celui des banques de sperme. Et pourtant, les transactions de gamètes nécessitent une intimité qui est susceptible de rassurer les donneurs comme les receveurs afin de parvenir à faciliter un échange qui, par nature, n’est pas seulement du troc de sperme. C’est pourquoi la banque de sperme de Londres a imaginé dématérialiser certaines étapes que doivent suivre les receveurs pour une fécondation in vitro grâce à une application nommée sobrement London Sperm Bank Donors.
Triant les donneurs sur des critères que les parents volontaires peuvent déterminer, l’application fournit une liste anonyme de donneurs qui sont en mesure de correspondre aux attentes des parents. Ces derniers n’ont plus qu’à consulter les descriptions qu’ont pu laisser les donneurs afin de faire le très important choix final. Parmi les informations mises à disposition des volontaires, il y a bien sûr un historique médical et quelques mots sur la personnalité du donneur.
Avec une certaine tendresse, les donneurs tentent ainsi de donner à leurs ovocytes des qualités qu’ils auraient eux même, The Independent a ainsi pu lire dans certaines descriptions : « Plaisant, charmant, facile à vivre, ce donneur possède une intelligence, de l’enthousiasme et de l’optimisme. » Un autre est noté ainsi : « C’est un homme agréablement maniéré, parlant élégamment. Un appréciable individu. » Les donneurs de sperme sont bien sûr accompagnés dans leur acte par des avocats et des docteurs de la banque, qui les aident à écrire leur statut et clarifier leur situation légale.
L’application et son mode de fonctionnement sont bien sûr légale en Angleterre, où les banques de sperme sont sous l’autorité de l’Human Fertilization and Embryology Authority (HFEA). Néanmoins, certains critiquent déjà la manière dont l’application rendrait trop facile l’acte de recevoir des ovocytes : l’accessibilité et l’intimité du numérique enlèveraient pour ses détracteurs de l’importance et du sérieux aux échanges et en fin de compte déresponsabiliseraient les couples face à la parentalité.
Le Dr Ahuja rétorque qu’il y a quelque chose de normal de faire coller l’évolution technologique à son activité, et que l’application permet avant tout « aux femmes qui veulent trouver un donneur de gagner en confidentialité, en étant dans le cadre intime de leur maison, et décider lorsqu’elles le souhaitent, en prenant le temps nécessaire. »
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