Conçue jusqu’à présent avec les modules fabriqués par les grandes agences spatiales du monde entier, la station spatiale internationale pourra recevoir dans les années à venir des modules conçus par des entreprises. C’est en tout cas le souhait de la Nasa.

La Nasa l’a dit et répété. Pour accomplir un périple aussi ambitieux qu’un voyage vers Mars, il va lui falloir réévaluer ses priorités dans les années à venir. Son budget n’étant pas infini, des programmes spatiaux dans lesquels l’agence est engagée devront être arrêtés, suspendus, retardés ou réduits afin de dégager des ressources pour mener à bien l’aventure martienne désirée par Barack Obama.

Parmi les projets qui pourraient subir un retrait total ou partiel des États-Unis figure la station spatiale internationale. La Nasa estime qu’il est temps de céder les activités se déroulant au niveau de l’orbite terrestre basse — là où se trouve l’ISS — au secteur privé afin de réorienter ses forces vers des objectifs plus lointains. Évidemment, libre aux autres pays de continuer à participer à l’aventure.

Mais pas question de sortir de l’ISS n’importe comment.

D’abord, la Nasa a signé un contrat avec SpaceX et Boeing pour l’acheminement du fret jusqu’à la structure évoluant à une altitude de 400 km. SpaceX est déjà capable de gérer cette tâche. En outre, le partenariat avec la Nasa prévoit aussi de leur laisser le soin de transporter des équipages dès 2017 pour SpaceX et 2018 pour Boeing, histoire que la Russie ne soit pas la seule nation à pouvoir rallier l’ISS.

Ensuite, il est prévu de permettre à la station de continuer à évoluer même sans les USA. C’est ce qu’explique l’administrateur général de la Nasa dans un article de blog publié mardi. Dit autrement, l’ISS doit pouvoir recevoir des modules supplémentaires conçus par des entreprises privées. Jusqu’à présent, seules les principales agences spatiales étaient en mesure de greffer de nouveaux composants.

ISS Dragon SpaceX BEAM

CC NASA Johnson

« Récemment, la Nasa a demandé au secteur privé comment il pourrait utiliser un port d’attache sur l’ISS […]. Celui-ci a répondu avec enthousiasme et ces réponses ont montré une forte volonté des entreprises américaines d’attacher un module commercial à l’ISS qui pourrait répondre aux besoins de la Nasa ainsi qu’à ceux des entrepreneurs privés », écrit Charles F. Bolden.

« En conséquence de ces réponses, la Nasa commencera cet automne un processus en vue de fournir aux sociétés la possibilité d’ajouter leurs propres modules et leurs propres capacités à l’ISS », afin que la Nasa se prépare à passer le relais de l’ISS à ses successeurs, poursuit l’administrateur dans un papier cosigné avec John Holdren, conseiller de Barack Obama dans le domaine des sciences et des technologies.

L’expérience BEAM

En la matière, des tests sont déjà effectués. Sous l’égide de la Nasa, SpaceX a procédé à la livraison d’une capsule gonflable qui a été correctement déployée fin mai après un premier échec. Des astronautes ont ainsi pu entrer à l’intérieur et débuter une série de vérifications à l’intérieur afin de contrôler son étanchéité, sa durabilité, sa résistance face aux radiations cosmiques et aux variations importantes de température.

Pesant 1,3 tonne pour un volume de 16 mètres cube, le BEAM (Bigelow Expandable Activity Module) mesure 3,2 mètres de diamètre et 4 mètres de long. Il est doté d’une paroi faite de plusieurs couches dont du kevlar, un polymère thermoplastique particulièrement résistant qui doit empêcher le percement du module lors d’une collision avec des débris spatiaux ou une micrométéorite.

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