L’agence de recherche de la défense américaine s’inquiète des conséquences que peuvent avoir les essais avec des OGM et autres techniques de transformations génétiques. Pour empêcher qu’un scénario de film d’horreur devienne réalité, la DARPA veut des expérimentations réversibles.

La fiction regorge de scénarios qui tournent au cauchemar dès lors que la génétique entre en jeu dans les recherches et expérimentations humaines. De Jurassic Park à Bienvenue à Gattaca, en passant par la très singulière série Utopia, l’eugénisme et ses possibles dérives hantent autant la fiction qu’il questionne la morale. Notamment car il enclenche, par essence, des processus dont nul ne peut garantir les conséquences. Des menaces biologiques qui peuvent devenir réelles et engendrer des modifications profondes des espèces, conduisant à d’irréparables dommages.

Mais la recherche en génie génétique demeure une promesse scientifique qui fait rêver des générations de chercheurs, qui y voient l’unique moyen de sauver les incurables et éviter ainsi d’autres désastres. D’où la difficulté de clore le débat moral autour de ces recherches, à la fois effrayantes et salvatrices. Car la menace vient autant de l’éventuelle malveillance de ceux qui utiliseront ce pouvoir, que des conséquences naturelles et imprévisibles liées à des modifications génétiques.

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Le débat est presque aussi vieux que la découverte de l’ADN, mais aussi prolifique en fictions qu’en débats politiques. Aux États-Unis, la Defense Advanced Research Project Agency (DARPA) souhaite avancer vers des procédures de modification génétique en encourageant les chercheurs à toujours, par principe, intégrer à leurs développements un interrupteur, allégorique bien sûr, permettant d’arrêter l’action de leurs expériences.

Que ce soit pour soigner des maladies génétiques, ou combattre des dérèglements de l’environnement, des solutions se trouvent peut-être dans la recherche autour de la génétique et attendent d’être découvertes. On trouve ainsi des propositions concrètes pour en finir avec la Drépanocytose grâce au génie génétique, qui pourrait mettre fin à la maladie héréditaire la plus répandue en France. Plus récemment, l’idée que le forçage génétique (gene drive) puisse par exemple sauver Hawaii de l’invasion de moustiques porteurs du virus Zika a été évoquée.

Il y a parmi toutes ces recherches en génie génétique, assurément, des solutions pour le futur mais également, au détour d’une erreur, d’éventuels drames humains et environnementaux. D’où l’ambition de faire du Safe Gene Program de la DARPA un standard, au moins pour les recherches américaines. Le but de cette recherche n’est pas tant d’innover en génie génétique que de trouver les moyens de rendre chacune des modifications génétiques annulable en cas de scénario catastrophe. En somme, un programme de sécurité biologique fournissant les outils nécessaire pour mettre un terme à toutes les expériences.

Une boîte à outil pour mettre un terme à toutes les expériences.

La DARPA veut une véritable boîte à outil avec laquelle chaque expérimentation peut se limiter à un nombre défini de générations en plus d’un moyen efficace pour annuler les tests effectués au cas par cas.  Si toutes les solutions pour endiguer des modifications qui sont par nature gravées dans le génome n’existent pas encore, la DARPA veut au moins s’assurer que chaque scientifique ait dans son processus de recherche l’idée qu’il faudra développer un moyen de tout arrêter.

Avant que les dinosaures n’envahissent la planète ? Ce n’est peut-être pas pour demain. Mais le forçage génétique sur des moustiques déjà évoqué pourrait par exemple faire disparaître l’intégralité des moustiques de la planète dans le pire des scénarios.

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