Si vous avez un smartphone Android, vous utilisez peut-être la reconnaissance faciale pour le déverrouiller. Cette option, présente depuis la version Ice Cream Sandwich du système d’exploitation, s’ajoute aux autres méthodes figurant dans l’OS : mode de passe, code PIN ou schéma à tracer.
Sauf que sécuriser quelque chose avec la reconnaissance faciale n’est peut-être pas l’idée la plus lumineuse qui soit. Dès 2011, il a été démontré qu’un tel dispositif pouvait être aisément berné en utilisant une simple photo du propriétaire d’un smartphone — ce que Google admet, une vidéo de son cru indique que ce genre de fonction offre un niveau de sécurité assez bas.
Bien sûr, on imagine sans problème la parade : il suffit que l’option intègre l’animation et les mouvements du visage pour éviter de se faire avoir aussi facilement. On peut aussi faire en sorte que le dispositif requiert de faire une expression bien particulière, qui aurait peu de chances de figurer sur une photographie. Cela limiterait le nombre de clichés capables de se jouer du système.
Mais même dans ces conditions, la reconnaissance faciale s’avère assez peu efficace face à des techniques plus avancées. C’est ce que viennent de mettre en avant des chercheurs de la faculté Carnegie Mellon ; grâce à des lunettes spéciales, ils sont parvenus à tromper à coup sûr un système de reconnaissance faciale mis en place par Alibaba, un géant chinois spécialisé dans le commerce électronique.
Une technique qui est capable de tromper à coup sûr certains systèmes de reconnaissance faciale
Le mécanisme employé par l’entreprise asiatique repose sur un programme baptisé Face++, qui détecte les sourires. Selon les universitaires, dont le papier est cité par Quartz, il a été possible d’atteindre des taux de succès de… 100 %. Dit autrement, ils ont pu à chaque fois faire identifier la mauvaise personne en faisant croire au logiciel qu’il s’agissait de la bonne. Toutefois, certains tests ont parfois donné des scores moindres.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont mis au point des lunettes dont les bordures arborent des motifs colorés et psychédéliques. Pour piéger le système, il a fallu au préalable créer une paire dont le design est lié à la « cible ». En somme, si vous visez madame Michu, les dessins ne seront pas les mêmes que ceux qui devront tromper la sécurité de monsieur Michu.
Des lunettes à motifs
Comment cela est-ce possible ? En fait, la reconnaissance faciale utilisant de plus en plus des réseaux de neurones artificiels pour analyser les données qui lui sont soumises afin de les comparer ensuite avec ses propres éléments, l’idée était de créer des bordures de lunettes qui imitent les points de repère du visage qui sont utilisés par le système pour identifier l’utilisateur.
Les tests des chercheurs ont permis de faire passer une femme d’origine asiatique en un homme du Moyen-Orient ou de faire croire que le système avait à faire à une célébrité (John Malkovich, Colin Powell, Milla Jovovich…). Pour chaque personne ciblée, il a fallu utiliser une quarantaine de photographies pour générer le revêtement de ces lunettes spéciales. Leur production, elle, ne coûte pratiquement rien : 22 dollars.
Même avec un taux de succès bien plus faible, disons 50 %, la technique imaginée par les chercheurs de Carnegie Mellon a de quoi susciter l’inquiétude à l’heure où des sociétés ont des projets plus ou moins élaborés à propos de la biométrie. C’est le cas par exemple de HSBC, Amazon, MasterCard, PayPal, ou même La Poste. Même Apple est dans le coup, puisque le groupe possède un brevet sur une technologie identique.
Ces techniques n’impliquent pas toujours de la reconnaissance faciale. D’autres éléments biométriques peuvent être utilisés, comme l’analyse de l’iris, la mesure du timbre de la voix, la prise des empreintes digitales ou encore la prise en compte du rythme cardiaque. Mais si les techniques varient, les craintes à l’égard de l’usage biométrique restent les mêmes.
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