L’avenir de la mission ExoMars s’assombrit. Après l’échec partiel de la première partie du programme, intitulée ExoMars 2016, c’est maintenant au tour de la seconde partie, ExoMars 2020, d’être menacée. C’est en tout cas l’avertissement qu’a émis en début de semaine Johann-Dietrich Wörner, le directeur de l’agence spatiale européenne (ESA), alors qu’une réunion-clé doit avoir lieu fin novembre.
Il y a en effet un problème de financement pour ExoMars 2020. Pour que le projet puisse se poursuivre, il faudrait que les États membres acceptent d’allonger davantage d’argent. Et l’on se doute que pour parvenir à entraver le bon déroulement de la mission, la somme qu’il faut combler est élevée. Elle l’est. Le directeur de l’ESA fait comprendre que ses besoins sont de l’ordre de « plusieurs centaines de millions d’euros ».
Et il ne sera pas facile de les avoir. Johann-Dietrich Wörner admet que les États sont déjà soumis à toute une série de problèmes et qu’il leur sera difficile de faire parvenir à l’agence une enveloppe supplémentaire de 300 ou 400 millions d’euros. En outre, la mission ExoMars coûte déjà beaucoup d’argent : à l’heure actuelle, il a fallu mobiliser 1,5 milliard d’euros pour les deux volets du programme.
Pour ne rien arranger, ExoMars 2016 n’a pas donné entière satisfaction. Certes, la sonde Trace Gas Orbiter s’est correctement placée en orbite autour de Mars mais l’atterrisseur Schiaparelli s’est écrasé à sa surface. Ce n’est en soi pas gravissime — c’était un démonstrateur : mieux vaut le détruire lui que le vrai engin qui sera lancé avec ExoMars 2020 –, mais cela envoie un signal défavorable.
Pour défendre la poursuite du projet dans de bonnes conditions, l’ESA a tout intérêt à découvrir précisément qu’est-ce qui a dysfonctionné avec ExoMars 2016. Y a-t-il eu un problème de communication entre différents composants ? Un souci au niveau logiciel ? Un problème matériel ? Un peu de tout ça ? Le directeur de l’ESA indique que plusieurs pistes sont passées en revue.
Une rallonge de plusieurs centaines de millions d’euros sera nécessaire
« L’ordinateur principal a reçu des données différentes de plusieurs sources et il a décidé de couper les rétrofusées », note-t-il. Ces dernières n’ont fonctionné que pendant trois secondes. Trop peu pour permettre une décélération suffisante de l’atterrisseur et le faire poser en douceur. « Cela est dû à un problème de communication interne », juge-t-il, ajoutant qu’il y a peut-être (aussi ?) eu un souci avec le parachute.
L’ESA doit impérativement comprendre l’origine de l’échec de Schiaparelli car la mission ExoMars 2020 va reprendre l’essentiel des technologies et des procédures ayant figuré dans ExoMars 2016. En outre, cela lui permettra d’aborder la réunion prévue fin novembre ainsi que celle planifiée début décembre avec les ministres des pays membres de l’Union européenne avec plus d’arguments en sa faveur.
Ce qui est prévu pour l’instant
Initialement prévue pour 2018, la mission ExoMars 2020 aura lieu dans quatre ans. Elle est le fruit d’un partenariat entre l’ESA et son homologue russe, Roscosmos. Il s’agira d’envoyer une plateforme de surface et un rover pour analyser le sol et le sous-sol martiens au moyen d’une foreuse capable d’atteindre une profondeur de deux mètres. Le décollage s’effectuera à Baïkonour, au moyen d’une fusée Proton.
Quant à la sonde Trace Gas Orbiter, elle effectuera en janvier 2017 des manœuvres pour se placer sur une orbite circulaire, à une altitude de 400 km et à une vitesse lui permettant de boucler un tour complet en un jour. En novembre 2017 et jusqu’en décembre 2019, elle conduira des observations atmosphériques et à collecter des données.
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