Un tout autre destin était prévu pour l’atterrisseur Schiaparelli. Le 19 octobre, après un voyage dans l’espace de plusieurs mois, la sonde Trace Gas Orbiter devait larguer l’appareil pour qu’il puisse se poser à la surface de Mars. Il s’agissait pour l’Europe de montrer à la fois sa capacité à atteindre la planète rouge par ses propres moyens (ou presque) et de valider les technologies utilisées dans la mission ExoMars.
Hélas pour le Vieux Continent, tout ne s’est pas passé comme prévu. Certes, la sonde TGO s’est positionnée normalement en orbite autour de Mars ; mais l’atterrisseur, lui, ne s’est pas posé : il s’est écrasé. Depuis cet échec, qu’il faut relativiser dans la mesure où Schiaparelli était un démonstrateur, l’agence spatiale européenne essaie de comprendre les causes de cette catastrophe.
La bonne nouvelle, c’est que les ingénieurs de l’ESA ont vraisemblablement trouvé ce qui n’allait pas dans l’atterrisseur. Il s’agit, selon le responsable de l’engin, Thierry Blancquaert, du logiciel de navigation qui a été trompé par la mesure d’un capteur chargé de mesurer les accélérations du module. La conséquence a été que les calculs de l’ordinateur de bord ont été faussés à cause d’une variable inexacte.
Résultat : l’ordinateur de bord s’est trompé lorsqu’il a fallu déterminer la position de Schiaparelli par rapport à la surface de Mars. « Alors que l’atterrisseur était encore à 3,7 km de la surface de Mars, un résultat de calcul lui donnait une altitude négative de -2 km ». Le système interne a alors cru légitimement que l’appareil avait touché le sol et qu’il n’était plus nécessaire de conserver le parachute et le bouclier.
Un problème de mesure d’un capteur
La réalité, évidemment, est tout autre. Malgré l’emploi des rétrofusées ainsi que du parachute, la vitesse de descente de Schiaparelli a été encore trop rapide. Largué à une vitesse de 1 730 km/h, l’atterrisseur a décéléré jusqu’à 540 km/h — c’est bien plus que la vitesse d’un TGV en exploitation, qui roule normalement à 320 km/h. Ce n’est qu’après que le capteur a défailli.
Ces conclusions préliminaires devront être confirmées dans le cadre d’un rapport d’une commission d’enquête indépendante. Ses conclusions seront connues début 2017. En attendant, l’ESA voit le verre à moitié plein : « grâce » à la défaillance de la mission ExoMars 2016, elle va pouvoir l’empêcher de survenir pour la mission suivante, ExoMars 2020, qui aura lieu dans un peu moins de quatre ans.
La vraie mission aura lieu en 2020
Contrairement à la première phase du projet, il n’est pas question ici d’utiliser un appareil de test. L’engin qui sera utilisé en 2020 ne pourra souffrir du moindre pépin. C’était aussi un peu pour ça que la mission s’est découpée en deux parties : la première a servi à nourrir la seconde, en validant des procédures et des technologies. Il reste désormais à savoir si les pays du Vieux Continent suivront.
En effet, il n’est pas du tout certain qu’ils aient envie de remettre la main au pot alors que la première phase du projet n’a pas donné entière satisfaction. Or, Johann-Dietrich Wörner, le directeur de l’agence spatiale européenne, pour que le programme puisse être mené à bien, il faudrait consentir à une rallonge de quelques centaines de millions d’euros. Une réunion à ce sujet est prévue début décembre.
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