La mairie PS du XIIIe arrondissement parisien a choisi de nommer l’une des rues qui entourera la Halle Freyssinet en l’honneur de Steve Jobs, fondateur d’Apple. Un choix qui déplait aux élus communistes et écologistes.

Mise à jour : monsieur Coumet a affirmé sur Twitter qu’il y aurait également une rue Ada Lovelace dans son arrondissement.

Les noms des rues des grandes villes changent avec le temps. Il est vrai qu’aujourd’hui, bien des rues portent des noms qui ont été collectivement oubliés et qui mériteraient, peut-être, une rénovation. Mais avant cela, la question se pose de manière plus immédiate pour les nouvelles rues — et le XIIIe arrondissement parisien en a quelques-unes à nommer autour de la Halle Freyssinet, l’immense incubateur de startups de Xavier Niel tout proche de la Bibliothèque François Mitterand. Jérôme Coumet, maire socialiste de l’arrondissement, a suggéré que l’une des rues qui fait le tour de cet espace dédié à l’innovation soit nommée Rue Steve Jobs.

Quand on y pense, la suggestion est loin d’être idiote : l’entrepreneur a laissé un héritage considérable en termes d’innovation technologique derrière lui et a permis à Apple de devenir l’une des sociétés les plus riches de l’histoire. On a donc, en une synthèse symbolique, deux aspects qui devraient motiver une startup technologique aujourd’hui : devenir profitable pour ne pas reposer éternellement sur des levées de fonds et créer des choses qui vont vraiment changer le quotidien des gens (et pas un énième chatbot).

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Cela dit, pour les élus communistes et écologistes, ce nom ne résonne pas qu’avec des innovations positives. Il fait aussi écho à Apple et à son montage financier proposé par l’Irlande qui lui permet d’échapper aux impositions des pays européens — France incluse. De plus, ils auraient préféré nommer cette nouvelle rue en l’honneur d’Ada Lovelace, mathématicienne anglaise qui a imaginé le premier algorithme destiné à être exécuté par une machine.

Figure de la science méconnue, Ada Lovelace a pourtant eu une influence capitale sur le développement de l’informatique. Sur bien des sujets, Lovelace était en avance par rapport aux recherches de la fin du XIXe siècle. C’est à cette pionnière que fait référence l’AdaWeek, une semaine dédiée à la valorisation des opportunités pour les femmes dans des domaines qui ont été, injustement et sans raison, monopolisés par les hommes, de l’informatique à l’ingénierie en passant par les mathématiques et les sciences.

Donner à Ada Lovelace une rue à son nom aurait donc eu beaucoup de sens : cela aurait montré que la technologie n’est pas qu’une histoire d’hommes, que les femmes de science ont enfin le droit, en 2016, à une reconnaissance (aussi posthume soit-elle) et qu’avant le business et les consommateurs se trouve la recherche, celle qui fait réellement progresser l’humanité.

Et puis cela aurait participé, à un niveau infime, à redresser la balance : en France, 2 % des rues seulement portent des noms de femmes

Pour prolonger la discussion, nous avons demandé à nos lectrices et lecteurs sur Twitter quelle légende de la tech ils aimeraient voir sur les panneaux de signalisation de leur ville. Voici quelques suggestions triées sur le volet — n’hésitez pas à nous partager les vôtres dans les commentaires.

https://twitter.com/vartaghan/status/804640939272732672

 

https://twitter.com/Schmittounet/status/804641297478938624

https://twitter.com/_painted_lady/status/804642217973481472

https://twitter.com/javerous/status/804657374669770752

https://twitter.com/k1m0u/status/804642014734221312

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