« Trop d’années ont passé pour que je reste le dernier homme à avoir marché sur la Lune ». En 1999, dans son autobiographie Le dernier homme sur la Lune, Eugene Cernan ne cachait pas ses regrets sur le manque d’avancée en matière d’exploration spatiale au cours des 27 ans écoulés depuis la mission Apollo 17, qui lui a conféré ce titre dont il s’est tenu toujours à distance. Il y confiait aussi ses espoirs : « Il y a aujourd’hui, quelque part sur Terre, un jeune garçon ou une jeune fille doté(e) d’un grand courage qui héritera de ce titre douteux pour nous ramener là où nous avons notre place. »
Eugene Cernan est mort à 82 ans ce lundi 16 janvier. Les hommages n’ont pas tardé à affluer, à commencer par celui de Charles Bolden, administrateur de la Nasa : « Les États-Unis ont perdu un patriote et un pionnier qui a contribué aux grandes ambitions de notre pays pour accomplir des progrès encore jamais réalisés par l’humanité. »
La carrière d’astronaute de cet ancien scout, ingénieur et militaire né à Chicago en 1934 débute en 1963, lorsqu’il intègre le troisième groupe d’astronautes formé par la Nasa, aux côtés notamment de Buzz Aldrin et Michael Collins.
Dès 1966, Cernan devient le troisième homme à réaliser une sortie dans l’espace, à l’extérieur de la capsule Gemini-9 avant de piloter, en 1969, le module lunaire de la mission Apollo 10, répétition cruciale à quelques kilomètres de la surface lunaire avant Apollo 11, qui permettra à Neil Armstrong de devenir le premier homme à mettre le pied sur la Lune.
Eugene Cernan est aussi le dernier homme à s’être exprimé depuis la surface lunaire
En décembre 1972, « Gene » Cernan prend la tête de la mission Apollo 17, qui conclut le programme spatial lancé par John F. Kennedy onze ans plus tôt et permet, pendant le trajet, de réaliser un cliché devenu mythique : la vue complète de la Terre. À cette occasion, Cernan hérite du lourd statut de dernier homme à avoir foulé le sol lunaire. Son exploration dure au total un peu plus de 22 heures.
Si Neil Armstrong reste célèbre pour les premiers mots prononcés à son arrivée sur la Lune, Eugene Cernan peut se targuer d’avoir enregistré le dernier discours depuis sa surface : « J’aimerais dire ce que l’histoire devrait à mon sens retenir : que le défi relevé par les États-Unis aujourd’hui a forgé la destinée de l’homme de demain. »
Après sa carrière d’astronaute, « Gene » Cernan ne cessera de regretter la réduction budgétaire toujours plus importante des budgets de recherche spatiale. Dès 1991, il déplore le manque de progrès en la matière, tout en se montrant pragmatique : « Je savais qu’on ne serait pas de retour [sur la Lune] en 10 ans mais on parle désormais d’un délai de 35 à 40 ans, ce qui représente une génération et demie. […] Je sais qu’il y a une grande différence technologique et philosophique entre un programme spatial qui vous emmène à 480 kilomètres de votre planète et celui qui vous embarque pour un voyage à des millions de kilomètres. Honnêtement, je suis un peu déçu, à ce moment précis, que nous n’ayons pas tellement progressé par rapport à nos avancées de l’époque. »
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.