Pourra-t-on encore dire que la création artistique est ce qui sépare l’humain de l’animal, et ce qui séparera l’humain du robot ? La société allemande Festo a fait la démonstration d’un ensemble symphonique entièrement robotisé, qui joue une mélodie (ou plutôt un thème dérivé) composée par ordinateur.
« L’ensemble du système est capable d’écrire une mélodie après avoir écouté un musicien jouer un air sur un xylophone ou un clavier MIDI, pour ensuite appliquer des règles dérivées du jeu Game of Life (Le Jeu de la Vie), un automate cellulaire imaginé en 1970 par le mathématicien Britannique John Horton Conway. Enfin, un ordinateur est utilisé pour travailler sur une réinterprétation de la mélodie, en la décomposant en plusieurs parties pour que chaque instruments qui compose l’ensemble du système, puisse rejouer la partie qui lui incombe de jouer« , décrit Ubergizmo.
L’équipe de Festo explique que les différents interprètes robotisés sont reliés entre eux pour s’écouter jouer les uns les autres, et adapter leur propre interprétation à celle des voisins. A la manière d’un orchestre de jazz qui tente une improvisation. « Cela donne constamment lieu à de nouvelles variations, qui diffèrent du thème original tout en conservant l’essence même de la composition« , expliquent les ingénieurs.
Du point de vue du droit d’auteur, l’interprétation pose le même genre de questions que la photographie réalisée par un singe dont nous avions parlé. Les œuvres composées par des animaux ou des être humains sont-elles automatiquement dans le domaine public, faute d’avoir un auteur investi d’une « personnalité juridique« , ou peuvent-elles faire l’objet d’une appropriation par la personne qui possède l’animal ou la machine ?
Comme l’avait noté Lionel Morel (@Calimaq) dans un billet publié en 2009, il existe aux Etats-Unis une Animal Copyright Foundation qui demande que les animaux puissent bénéficier d’un droit d’auteur, au même titre que les humains. Mais il s’agissait alors surtout d’inventer une forme de « droit à l’image » pour alimenter un fonds d’aide aux animaux.
Peut-être, sur cette même idée, faudrait-il inventer un « droit d’auteur du robot » dont les fonds serviraient à financer la création par des robots artistes, dont les œuvres passeraient très vite dans le domaine public. C’était à la base l’idée du droit d’auteur pour les humains : donner aux auteurs un monopole de quelques années sur leurs œuvres, pour leur assurer temporairement de quoi créer de nouvelles œuvres, et ainsi de suite. Sauf qu’avec un droit qui survit 70 ans après leur mort, l’incitation à la création de nouvelles œuvres a disparu, au profit de l’exploitation continue des anciennes.
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