Pendant deux mois, vingt volontaires vont rester allongés à la Clinique spatiale du Medes de Toulouse. Une expérience menée par le CNES pour simuler l’impesanteur et ses conséquences sur les astronautes dans l’espace, et dont les retombées pourraient aussi être médicales.

S’il faudra encore attendre un peu pour participer aux premiers tests d’hibernation spatiale, eux vont rester 60 jours allongés pour la recherche scientifique. À Toulouse, vingt volontaires ont décidé de se prêter à une expérimentation organisée par le Centre national d’études spatiales (CNES) et sponsorisée par l’Agence spatiale européenne (ESA) : l’alitement orthostatique, aussi connu sous le nom de bed rest. Menée dans les locaux de la Clinique Spatiale du Medes, cette étude a pour objectif de simuler depuis la terre ferme les conditions que vivent les astronautes lors de leurs vols spatiaux.

« C’est une expérience qui revient à être dans l’espace. Ils sont couchés en permanence, c’est un modèle pour simuler l’impesanteur », nous indique Guillemette Gauquelin-Koch, responsable du programme science de la vie au CNES. Dans l’espace, les astronautes sont en effet exposés à la microgravité lors des vols. Par conséquent, ils subissent des adaptations physiologiques, qui risquent d’interférer sur leur performance et leur santé.

Un modèle pour simuler l’impesanteur

Parmi les effets de l’impesanteur, les chercheurs du CNES ont noté une réduction de l’activité motrice des astronautes, provoquant une perte de force musculaire, à laquelle viennent également s’ajouter une déminéralisation osseuse et une fatigue des muscles. Des phénomènes qu’il n’est pas toujours aisé d’étudier en plein vol spatial, d’où le recours à l’expérimentation du bed rest, dont la première campagne vient de commencer à Toulouse.

Au total, deux campagnes d’alitement orthostatique sont organisées, chacune d’entre elles durant 88 jours. L’expérimentation prendra fin en décembre 2019. Depuis le 31 janvier, les premiers sujets ont commencé la période d’alitement, précédée de 10 jours de mesures initiales.

Tous âgés de 20 à 45 ans, les volontaires resteront en position allongée, leur tête légèrement plus bas que leurs pieds selon un angle de moins 6 degrés. Une position nécessaire pour recréer les conditions réelles vécues par les astronautes en mission. « Un astronaute, c’est quelqu’un qui est en inactivité physique, précise Guillemette Gauquelin-Koch. Or, dans l’espace, on a observé qu’il y a une répartition différente du sang dans les muscles. Sur la terre, le sang est dans les jambes. Dans l’espace, 1,5 litres de sang migrent de la partie inférieure vers la partie supérieure du corps. »

Cocktail anti-oxydant au menu

Un premier groupe de dix individus sert de référence à l’expérimentation (« groupe contrôle »), tandis que le second se verra administrer un cocktail anti-oxydant et anti-inflammatoire. « Notre objectif est de trouver une contre-mesure efficace pour aller dans l’espace », ajoute la responsable des sciences du vivant du CNES.

Pour y parvenir, c’est un bed rest à dimension européenne qui a été prévu : aux côtés des chercheurs français, des équipes anglaises, allemandes, italiennes, mais également canadiennes seront présentes. Ensemble, ils observeront le métabolisme, le système cardiovasculaire, la musculature, les os ou encore le sommeil des volontaires alités.

Tandis que la Nasa tente de comprendre l’impact du voyage spatial sur l’organisme, le CNES lui n’en est pas à son coup d’essai avec l’expérience du bed rest : ils sont organisés depuis 1982 à Toulouse, et depuis 15 ans dans les locaux de la Clinique Spatiale. Et les résultats ne sont pas seulement utiles à ceux qui partent dans l’espace : les découvertes peuvent aussi  être médicales et avoir un impact bien terrestre. « Ces expérimentations ont une quantité de retombées. L’alitement orthostatique peut notamment permettre de mieux connaître les facteurs prédisposants au diabète », complète la chercheuse du CNES.

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