Parmi les nombreuses applications scientifiques de la high tech, l’étude des animaux n’est peut-être pas celle qui vient en premier à l’esprit. Pourtant, peut-être devra-t-on un jour la protection des lémuriens à la reconnaissance faciale, ou encore la naissance d’orangs-outans à une application de rencontres. Pour les spécialistes, le recours à ces nouveaux outils se démocratise, permettant parfois une précision dans les mesures qui ne serait pas obtenue avec l’observation humaine.
C’est aujourd’hui au secours des oiseaux que les drones pourraient voler. À l’Université privée de Gettysburg en Pennsylvanie, aux États-Unis, des ornithologues utilisent en effet ces machines volantes pour capturer non pas des images, mais des sons : ceux des oiseaux chantants qui peuplent les montagnes des Appalaches. Selon leur étude, les données enregistrées par les drones seraient aussi efficaces que celles collectées par les chercheurs lorsqu’il s’agit d’estimer une population d’oiseaux dans un lieu donné.
Andy Wilson, professeur au Gettysburg College, et spécialisé dans les études environnementales, explique avoir eu l’idée de recourir aux drones pour étudier le chant des oiseaux alors qu’il observait des parulines azurées (une espèce d’oiseau reconnaissable au dos bleu azuré du mâle). « C’était dans une région vallonée, et nous faisions nos études au sommet des crêtes. Je savais que nous avions récupéré un bon échantillon de cet habitat, mais nous ne pouvions pas atteindre les pentes raides qui se trouvaient de part et d’autre », précise le chercheur.
Un fil de pêche pour suspendre des enregistreurs aux drones
Ces pentes escarpées ne constituent pas l’unique obstacle rencontré par les ornithologues en quête du chant des oiseaux : ils doivent également composer avec les marais, les zones glacées ou tout simplement les obstacles construits par l’homme, tels que les barrages et les routes. Par ailleurs, la présence de l’être humain à proximité d’un oiseau peut suffire pour qu’il cesse de chanter.
Pour surmonter ces difficultés, Andy Wilson et son équipe ont attaché des enregistreurs audio à des drones, au bout d’un fil de pêche de 8 mètres de long. Une longueur nécessaire pour éviter que le bruit des machines ne parasite l’enregistrement du chant des oiseaux, et pour ne pas effrayer les animaux. Les drones ainsi équipés ont plané dans les airs, mesurant à différents endroits les chants des oiseaux. La manœuvre est d’ailleurs résumée dans une vidéo réalisée par les ornithologues.
Si l’utilisation des drones a fourni des données d’une qualité similaire à celles que les scientifiques sont capables d’enregistrer eux-mêmes, l’appareil a permis de comptabiliser le chant de nouvelles espèces vivant dans les Appalaches.
Andy Wilson ne compte pas s’arrêter là. Il souhaite à présent tester dans quelle mesure les drones peuvent aider à l’étude des oiseaux, et si leur utilisation risque d’avoir une incidence sur le comportement des animaux.
Un marché à prendre pour des drones plus silencieux
Des tests qui pourront être envisagés si les constructeurs de drones travaillent à diminuer les perturbations sonores que les engins entrainent, comme ici, en pleine nature. « Il n’y a pas que la communauté scientifique qui le souhaite. Je pense qu’il y a plus largement un véritable marché à prendre pour des drones plus silencieux », conclut l’ornithologue américain.
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