De chaque côté de l'Atlantique, de forts soupçons d'abus de position dominante pèsent sur Google. L'entreprise américaine est suspectée de profiter de sa mainmise sur la recherche en ligne pour organiser la réussite de ses services et produits, quitte à déclasser la concurrence. Car la situation est inédite : Google gère la quasi-totalité de la recherche en Europe et une grande part de celle effectuée en Amérique du Nord.
Face aux mises en cause de firmes s'estimant lourdement pénalisées par Google, les autorités compétentes en Europe et aux États-Unis ont engagé des procédures pour si la firme américaine a une attitude anticoncurrentielle. La Commission européenne a dégainé en premier il y a deux ans en ouvrant une enquête. La Federal Trade Commission (FTC) a suivi moins d'un an plus tard.
Jusqu'à présent, l'agence fédérale américaine et l'organe exécutif européen ne s'étaient pas véritablement entretenus sur le cas Google. Mais l'existence de ces deux démarches, similaires en de nombreux points, a visiblement convaincu les responsables des deux institutions de se rencontrer. C'est en tout cas l'information délivrée par le Wall Street Journal.
Une réunion est programmée la semaine prochaine entre Jon Leibowitz, patron de la FTC, et Joaquín Almunia, vice-président de la Commission européenne et chargé des problématiques de concurrence. Une rencontre qui permettrait notamment d'échanger des informations sur l'entreprise américaine et, c'est à envisager, l'adoption d'une position commune pour accentuer la pression sur la société et l'obliger à assouplir son attitude.
L'une des questions qui se pose est de savoir si Google peut à la fois garder ses algorithmes secrets et démontrer sa neutralité. Mais le groupe étant à la fois juge (le moteur de recherche) et partie (éditeur de services), les conflits d'intérêts paraissent inévitables. Dès lors, seule la séparation fonctionnelle semble être l'unique solution. Et les voix la réclamant se multiplient.
Google, évidemment, n'est pas inactif. En plus des contacts avec la FTC et la Commission européenne pour défendre son point de vue, la firme américaine recrute des conseils juridiques de haut rang, en les cherchant jusque dans le Conseil d'État, et dépense des sommes chaque année toujours plus importantes pour plaider sa cause auprès du pouvoir politique.
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