Améliorer votre sommeil : tel est l’objectif ambitieux que s’est fixé la start-up française Rythm. C’est elle qui a créé le casque Dreem que nous avions déjà eu l’occasion de tester chez Numerama pendant un mois — et, nous ne savons toujours pas comment l’expliquer, mais force est de constater que cela marche.
Et Rythm ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Ce lundi 3 avril, l’entreprise a lancé une plateforme, baptisée Morpheo, qui souhaite donner un véritable élan à la recherche collaborative. Elle est destinée aux experts du sommeil, aux médecins, aux scientifiques spécialisés dans l’analyse de données et des développeurs dotés d’une ambition commune : contribuer à la médecine préventive, en analysant les données recueillies par le casque Dreem autour du sommeil.
Confidentialité des données et transparence
Lancée en open source, cette plateforme entend améliorer la détection intelligente des pathologies, à l’aide d’enregistrements psychologiques du sommeil. Le tout en garantissant la confidentialité des données récoltées, et une transparence totale sur l’évolution des travaux. Plusieurs outils technologiques permettent de faire fonctionner Morpheo, comme nous l’explique Hugo Mercier, fondateur de Rythm : « Nous avons d’abord un software de blockchain, qui permet de garantir la confidentialité des informations. Il est en open source. Il a un algorithme de machine learning en entrée, qui peut chercher, par exemple, à détecter l’apnée. Pour cela, il s’entraine sur plusieurs bases de données. »
Depuis deux ans, l’entreprise développe en interne un outil de visualisation poussée des données de l’activité cérébrale. « Les algorithmes détectent, et la personne qui est en face peut interagir avec l’outil. Nous avons décidé de mettre cet outil en open source, dans le cadre de ce projet particulier », précise l’entrepreneur.
« Nous nous sommes dit, tant qu’à faire, autant proposer cet outil gratuitement et en accès libre, poursuit-il. Les laboratoires et les hôpitaux pourront utiliser notre outil de visualisation, pour le brancher, par exemple, sur un électroencéphalogramme. »
Un projet soutenu par Cédric Villani
En créant cette base de données sur le sommeil, Rythm entend valoriser un dialogue entre l’homme et l’algorithme. « Cet outil affiche des signaux, et donne des indications sur le sommeil, comme par exemple des transitions de phase ou un mouvement anormal. Il est alors possible de dire à la machine qu’elle se trompe. C’est le principe même du learning, il va apprendre sur une base de données. Mais l’utilisateur de l’outil peut lui dire qu’il a tort, ce qui enrichit automatiquement ce modèle. »
L’entreprise a par ailleurs choisi de s’entourer d’un conseil de professionnels, familiers de la recherche autour du sommeil, afin de bénéficier de leur expertise. Au sein de ce « medical board », on retrouve ainsi Cédric Villani, directeur de l’Institut Henri Poincaré et ambassadeur des mathématiques en France.
La base de données apprendra de ses erreurs
Emmanuel Mignot, directeur du Center for Sleep Sciences and Medicine à l’université de Stanford s’est quant à lui illustré pour ses travaux sur la narcolepsie. David Eagleman, rattaché à la même université, doit apporter son aide en tant que neuro-scientifique. Enfin, le président de l’institut du cerveau Paul Allen à Seattle ferme la marche de ce médical board prestigieux.
Pour l’instant, Morpheo ne s’attend pas à retirer des bénéfices de cette plateforme. « Nos ressources sont à la fois publiques et privées. Pour l’instant nous n’avons pas mis en place de business model. Notre objectif est d’abord de fédérer des mondes qui ne se parlaient pas : les entreprises du sommeil, les fournisseurs de données avec des hôpitaux et des chercheurs », conclut Hugo Mercier.
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