Il y a encore beaucoup d’inconnues à résoudre dans le très mystérieux projet Neuralink. Mais en ce qui concerne le calendrier, on peut d’ores et déjà inscrire une date. En effet, Elon Musk a confié lors d’une discussion avec l’auteur du site Wait but Why qu’un premier dispositif pourrait être prêt d’ici quatre ans.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? D’une entreprise de biotechnologie fondée en 2016 par le célèbre entrepreneur américain à qui l’on doit, entre autres, PayPal, SpaceX et Tesla. Dès l’an dernier, celui-ci a commencé à évoquer très superficiellement, à l’occasion d’une conférence aux États-Unis, le principe d’un « cordon cortical ».
Depuis, un article du Wall Street Journal a permis d’apporter des éclaircissements. On sait que la société a pour finalité d’améliorer les capacités cognitives, comme l’extension de la mémoire ou le contrôle de terminaux par la pensée, mais aussi de pallier les défaillances du cerveau à la suite d’un accident.
Et c’est à Tim Urban, l’auteur de Wait but Why, qu’Elon Musk a bien voulu en dire un peu plus. « Nous comptons apporter quelque chose qui aide [les patients frappés de] certaines lésions cérébrales graves (accident vasculaire cérébral, cancer, maladie congénitale) d’ici environ quatre ans », détaille-t-il.
Quant à savoir quelle est l’échéance prévisionnelle pour que des dispositifs fabriqués par Neuralink puissent atteindre le grand public, en particulier ceux qui n’ont pas de handicap à compenser, l’entrepreneur américain évoque un calendrier beaucoup plus lointain, de l’ordre de la décennie.
« Je pense que nous nous trouvons à environ 8 ou 10 ans de l’instant à partir duquel ces appareils pourront être utilisés par des personnes sans handicap… Il est important de noter que cela dépend fortement du calendrier d’approbation réglementaire et de la façon dont nos appareils marchent sur les personnes handicapées », explique-t-il.
Pour l’entrepreneur, comme pour Facebook d’ailleurs, l’intérêt de Neuralink est évident : « il y a un tas de concepts dans votre tête que votre cerveau doit essayer de compresser pour les faire passer dans ce flux de données incroyablement étriqué appelé parole ou écriture […] Si vous avez deux interfaces cérébrales, vous pouvez effectivement faire une communication conceptuelle directe non compressée avec une autre personne ».
Curiosité et scepticisme
Des propos qui intriguent naturellement les spécialistes du secteur, comme Claude Touzet, spécialiste de l’apprentissage automatique et biologique et responsable d’un laboratoire en neurosciences intégratives et adaptatives. Interrogé par nos soins, ce maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille a manifesté son intérêt pour Neuralink, tout en se montrant prudent sur les effets d’annonce.
Il explique : « son idée d’augmenter la bande passante en sortie du cerveau peut sembler logique, mais il faut se souvenir du fait que la sortie utilise le langage qui est hautement compressé. Ainsi, un mot véhicule beaucoup d’information, même si on peut coder chaque mot sur un nombre de bits réduits ». « Le cordon cortical évoqué par Elon Musk ne peut pas faire mieux que faire transiter vers la sortie ce que nous pensons à la vitesse où nous le pensons — et il me semble que nous sommes déjà à la limite ».
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