Déployée aux États-Unis depuis fin février, la riposte graduée a pour objectif de contrer le téléchargement illicite sur les réseaux P2P en persuadant les internautes américains de revenir dans le giron de l'offre légale. Pour cela, des sanctions de plus en plus sévères sont appliquées jusqu'à ce que l'abonné prenne des mesures pour empêcher sa ligne de servir à pirater.
Mais la mise en place d'un tel mécanisme ne se fait pas sans son lot de difficultés. Nonobstant les problématiques habituelles comme l'identification basée sur l'adresse IP, la riposte graduée charrie avec elle plusieurs effets secondaires, que ses promoteurs auraient bien voulu éviter. C'est le cas par exemple du succès croissant des réseaux privés virtuels (VPN).
Depuis l'installation de la riposte graduée outre-Atlantique, les requêtes liées aux VPN et aux proxies sont en nette progression. Si corrélation n'est pas causalité, on constate cependant que la montée en flèche du nombre des requêtes coïncide avec l'arrivée du dispositif. Interrogées par Torrentfreak, plusieurs services ont relevé un intérêt croissant pour la sécurisation des liaisons afin d'échapper aux radars.
Ce phénomène a été observé par le passé dans d'autres pays, pas toujours pour échapper à la riposte graduée. Ainsi, le service IPredator – lancé par les créateurs de The Pirate Bay – avait réuni plus de 100 000 clients suite à l'adoption en Suède d'une loi sur la collecte des adresses IP. En France, des services comme ItsHidden, Ipodah ou encore SmartVPN ont vu le jour dans le sillage de la loi Hadopi.
En 2010, un sondage réalisé par un FAI anglais avait révélé que 4 internautes sur 5 étaient prêts à se tourner vers des réseaux sécurisés s'ils étaient ciblés par la riposte graduée. Par ailleurs, la popularité croissante des VPN n'est pas le seul effet secondaire constaté. Nombre d'internautes ont préféré se tourner vers des alternatives échappant à la riposte graduée, comme le streaming et le téléchargement direct.
L'intérêt des Américains pour les réseaux sécurisés constitue-il un phénomène isolé et temporaire ou bien une tendance de fond qui va intéresser de plus en plus d'internautes ? il est peut-être encore un peu tôt pour le savoir. Toujours est-il que cette situation doit certainement être observée par les services de renseignement américains, non sans une certaine appréhension.
En 2010, la DGSE a reconnu au détour d'un colloque sur la cryptologie que la mise en place de la riposte graduée a fortement popularisé les outils de chiffrement auprès du grand public. Or, ces techniques étaient auparavant surtout exploitées par des réseaux criminels. Les services américains auraient "engueulé" la France, estimant que la loi Hadopi allait compliquer leur travail.
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