Fruit de la collaboration entre les agences spatiales des États-Unis, du Canada et de l’Union européenne, le télescope spatial James-Webb (JWST) est très attendu par la communauté scientifique. En effet, il permettra de scruter encore plus loin dans les profondeurs de l’univers grâce à un miroir primaire particulièrement large (il fera 6,5 mètres de diamètre).
Mais ce qui fait la particularité de ce télescope spatial, c’est son (futur) emplacement. Alors que Hubble se trouve à proximité immédiate de la Terre, sur une orbite terrestre basse de 590 kilomètres d’altitude, James-Webb se trouvera à l’opposé du Soleil par rapport à la planète bleue, à 1,5 million de kilomètres. En conséquence, un soin tout particulier doit être apporté à la conception du satellite.
En effet, à cette distance, il ne sera pas possible d’envoyer des spationautes effectuer une quelconque opération de maintenance sur James-Webb (à titre de comparaison, la Lune est distante de 384 400 kilomètres de la Terre. C’est l’endroit le plus éloigné atteint par les astronautes). Ce qu’il sera possible de faire, c’est ajuster à distance la position du satellite et de procéder à des mises à jour logicielles.
Il faut donc parer à toutes les éventualités, à commencer par le problème du froid. En effet, la température dans le système solaire n’est pas la même selon l’endroit où l’on se trouve. Il fera plus chaud près de Mercure qu’à proximité de Neptune. Or là où se trouvera James-Webb, il fera extrêmement froid, avec une température chutant de plusieurs dizaines de degrés sous zéro.
C’est pour cette raison que l’agence spatiale américaine avait annoncé en mai l’arrivée du télescope spatial à Houston pour procéder à son ultime test de résistance cryogénique sous vide. « Ce test est essentiel car il vérifiera les performances et le fonctionnement de l’ensemble du télescope en tant que système de bout en bout face à des températures extrêmement froides », expliquait alors la Nasa.
Il s’avère que ces vérifications se sont très bien déroulées. C’est ce qu’indique Jean-Yves Le Gall, le président du centre national d’études spatiales. Le télescope a été mis à l’épreuve dans une cuve cryogénique, la plus grande du monde, et fait face à une température qui est descendue à -253°C. Une température extrême. Le zéro absolu se situe à -273,15°C à titre de comparaison.
« C’est la première fois que l’ensemble, télescope et instruments, était testé. Les instruments avaient déjà été testés préalablement, mais indépendamment du télescope, lors d’une série de 3 tests cryogéniques réalisés au cours des années 2013-2016 dans une cuve plus petite », explique le Cnes. À cette occasion, il a été confirmé la bonne qualité optique du télescope et l’alignement du miroir
Maintenant que ces tests sont achevés et validés, James-Webb va être expédié en Californie pour recevoir d’autres équipements critiques, dont le bouclier thermique et la plateforme sur laquelle le télescope sera installé. Ces opérations seront réalisées par Northrop Grumman, via sa division Systèmes Aérospatiaux. Ensuite, il ne restera plus qu’à installer le télescope dans une fusée Ariane 5 à Kourou et procéder au décollage.
La mise à feu est prévue pour 2019.
(article mis à jour le 20 novembre avec les résultats des tests cryogéniques)
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