Cela fait partie des nombreuses formes invariables du français qui doivent être connues : au pluriel, jeu vidéo ne prend pas de S. Un jeu vidéo, des jeux vidéo. L’histoire de cette exception a été remarquablement racontée par nos confrères du Monde dans un article dédié au terme, dans lequel on apprend que vidéo n’est pas un adjectif mais une construction d’une langue toujours mouvante qui a pris de l’anglais pour créer ses propres mots. C’est la magie d’une langue vivante, après tout : elle évolue avec son temps, avec les usages et bien souvent, avec ce que ceux qui la parlent en font.
Et pourtant, dans une nouvelle entrée du fameux Robert, qui consacre l’arrivée dans le français officiel des termes gameur et gameuse, on peut lire le difficile à regarder « jeux vidéos ». On s’offusque d’abord de l’erreur naïve de la référence française en matière d’orthographe correct mais, jamais avare en explication (c’est après tout aussi le rôle d’un dictionnaire), Robert répond avec des arguments qui touchent :
« Le Robert préfère aller dans le sens d’une régularisation du pluriel, comme pour les autres adjectifs en –o (paranos, machos, barjos, cathos, fachos) ; cet emprunt à l’anglais qui vient du latin est déjà francisé par l’accent, il est logique de lui donner un polypier régulier (d’autant plus que le pluriel du nom, des vidéos, ne pose pas de problème). C’est la forme recommandée par les rectifications de l’orthographe de 1990 », peut-on lire.
Malgré la possible erreur sur la nature du terme « vidéo » dans le mot, qui n’est pas un adjectif, l’explication du Robert a du sens. Elle est moderne, progressiste et simplificatrice : elle permet de faire respecter une règle et d’enlever une malheureuse exception à un terme qui est bien souvent écorché. Il faudra un temps d’adaptation pour que nous nous mettions à l’utiliser régulièrement sans voir une faute dans le terme, mais gageons que l’usage s’imposera, maintenant qu’il est soutenu par une motivation rationnelle et intelligente.
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