En mettant en place ses suggestions de recherche, qui sont étroitement liées aux résultats affichés en instantanée, Google s'oblige à justifier chacune des suggestions proposées, et à céder à certaines demandes de censure plus ou moins légitimes. En Grande-Bretagne, le Daily Mail raconte avoir prévenu Google vendredi dernier qu'une recherche sur les termes "Facebook video of" était automatiquement complétée par des suggestions qui proposaient à l'internaute de consulter les résultats concernant une "vidéo Facebook d'un homme qui abuse sexuellement d'un enfant", ou encore d'une "vidéo Facebook d'un homme qui décapite une femme".
Deux recherches dont les résultats sont a priori aussi choquants l'un que l'autre. Mais pas dans les faits.
En effet, la première suggestion conduisait à "une série d'articles à propos de la vidéo timbrée d'un homme qui abuse d'un enfant, qui a été vue sur Facebook des dizaines de milliers de fois au mois de mars, avant d'être retirée". Selon nos constatations, aucun des résultats visibles — au moins sur la première page de Google — ne conduisait à la vidéo elle-même, qui a effectivement été supprimée par Facebook après avoir été partagée plus de 32 000 fois. La suggestion permettait uniquement de retrouver ce qu'en disait la presse au moment des faits, lorsqu'elle s'est émue d'une telle diffusion sur le réseau social.
La deuxième suggestion de recherches conduisait quant à elle à la vidéo d'un membre présumé du gang mexicain des Zetas, dans laquelle l'homme décapite face caméra une femme accusée d'infidélité. Là aussi, la vidéo avait circulé sur Facebook, qui avait curieusement attendu avant d'accepter de la supprimer. Bien que finalement censurée par Facebook, la vidéo reste aujourd'hui visible sur un site internet spécialisé dans les images "gore", qui figure toujours en deuxième position des résultats de Google pour la recherche concernée.
Dans la journée-même de vendredi, suite aux alertes du quotidien britannique, Google a ajouté un filtre manuel à ses suggestions de recherche (au risque de mettre en péril son argumentation juridique sur la prétendue neutralité de l'algorithme), pour éteindre la polémique qui s'est surtout focalisée sur la vidéo de l'enfant molesté. Sur la version anglophone de Google, aucune des deux expressions n'est plus proposée au moment de saisir "Facebook video of", même celle qui permettait uniquement de relire les archives de presse sur l'incident. Il ne s'agit plus de censurer la vidéo, mais de cacher le fait qu'elle a un jour existé, pour éviter d'encourager à rechercher plus profondément.
En revanche sur la version française, le filtre est inactif.
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