Près des Rocheuses du Colorado, à la Schriever Air Force Base, l’armée américaine dispense un entrainement d’un genre nouveau à ses soldats, afin qu’ils soient mieux préparés à des conflits spatiaux, grâce à une nouvelle unité : les Space Aggressors.
Ces derniers sont une équipe de soldats américains, qui « jouent aux méchants » pour mettre dans des condition imprévisibles les troupes classiques. Captain Christopher Barnes, directeur de l’entrainement du 26th Space Aggressors Squadron, décrit le travail de cette unité des plus originales : « Notre travail est non seulement de comprendre les différents types de menaces et de potentiels ennemis, mais également d’être capable de les décrire et les reproduire pour les gentils, notre Air Force. »
Une méthode pour s’adapter à de futures formes de conflits spatiaux
Si l’idée d’un conflit spatial de grande envergure d’ici les prochaines années peut sembler tout droit sortie d’un récit de science fiction, il semblerait pourtant que Charles Richard, vice-amiral et commandant adjoint du commandement stratégique des États-Unis, soit très sérieux sur la question : « Si nous ne sommes pas en guerre dans l’espace, je ne pense pas que l’on puisse dire que nous sommes en paix non plus » a-t-il déclaré dans une conférence à Washington en mars dernier.
Concernant les menaces concrètes qui requièrent ce type d’entrainement, le commandement américain semble plus qu’inquiet du développement des technologies anti-satellites du côté de la Chine et de la Russie. Le vice-amiral Charles Richard a même prévenu que « la Chine est en train de développer un arsenal de lasers, de canons électromagnétiques et de puissantes armes à hautes fréquences pour neutraliser nos satellites d’intelligence, de communication et de navigation. »
L’armée américaine, dépendante de l’espace
Ainsi, les Space Agressors ont été imaginés dans ce but : préparer à tout les scenarii en cas de conflit délocalisé sur des infrastructures spatiales stratégiques. Il faut dire que les USA ont de nombreux atouts en orbite terrestre — comme l’ensemble des 31 satellites structurant le système GPS — et semblent déterminés à les protéger. Plus loin encore dans la logique du Captain Barnes et du commandement américain : « Certaines personnes pensent que l’espace est le talon d’Achille des États-Unis, et que si nous perdions nos capacités dans l’espace, il se pourrait que nous ne puissions nous en relever. […] Plus nous pouvons former ces gens, plus nous pourrons aller là-bas et prouver que, malgré la chute de certains atouts, nos hommes au sol peuvent toujours se battre et gagner la bataille. »
Il y a six ans, l’Air Force a mené une étude imaginant ce qui arriverait aux soldats américains s’ils étaient privés de leurs satellites. Cette expérience, appelée « A Day Without Space », a révélé les failles du système de défense américain, soulignant sa dépendance stratégique à ses technologies et ses ressources numériques. Ainsi, des techniques alternatives ou considérées comme désuètes ont du être réintroduites — comme l’utilisation de systèmes de navigation internes ou de simples compas et cartes. Vingt-deux milliards de dollars ont été investis depuis cette étude, dans ce but d’adaptation de l’armée américaine à ces conditions particulières.
Cette situation, révélée en 2011 et couplée au développement de différents type d’armes de la part de puissances étrangères, pousse donc les États-Unis à réagir activement pour s’adapter et anticiper une future « guerre » spatiale.
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