C'est une décision symboliquement forte. Plutôt que de collaborer avec le gouvernement américain pour surveiller les communications électroniques de leurs utilisateurs, deux entreprises, Silent Circle et Lavabit, ont annoncé cette semaine la fermeture de leur service d'e-mails sécurisés. Dans les deux cas, l'espionnage de la NSA et l'affaire Edward Snowden ont pesé très lourd dans la balance.
Lavabit
Sur le site de Lavabit ne figure plus qu'un simple message. "J'ai été contraint de prendre une décision difficile : soit devenir un complice des crimes contre le peuple américain, soit abandonner près de dix ans de dur labeur en fermant Lavabit. Après m'être trituré les méninges, j'ai décidé de suspendre la plateforme". Les raisons ? Le directeur de la société, Ladar Levison, aimerait les donner, mais il ne le peut légalement pas.
"J'aurais aimé pouvoir vous décrire en toute légalité les évènements qui m'ont conduit à prendre cette décision. Mais je ne peux pas le faire. Je crois que vous méritez de savoir ce qui se passe : le premier amendement est supposé me garantir la liberté d'expression dans des cas comme celui-là. Hélas, le congrès a fait passer des lois qui disent le contraire", ajoute-t-il, faisant vraisemblablement référence aux requêtes FISA.
"En l'état actuel des choses, je ne peux pas vous expliquer les évènements des six dernières semaines, même si j'ai à deux reprises procédé aux requêtes appropriées". Mais cette fermeture est peut-être provisoire. Ladar Levison souhaite porter son combat devant les tribunaux et obtenir de la justice américaine le respect de la constitution et le droit de poursuivre sans risque ses activités.
Silent Circle
Hasard du calendrier, Silent Circle a pris une décision similaire. Le service, que nous avions présenté l'an dernier, a été mis au point par Philip Zimmermann, le créateur de Pretty Good Privacy (PGP), qui s'est imposé aujourd'hui comme le logiciel de chiffrement de courrier électronique le plus utilisé au monde. Contrairement à Lavabit, Silent Circle n'a pas subi de pression mais a préféré agir préventivement.
"Nous avons décidé qu'il est préférable pour nous de couper Silent Mail. Nous n'avons pas reçu d'assignations, de mandats, de lettres de sécurité ou quoi que ce soit d'autre de la part du gouvernement, et c'est pour cette raison que nous agissons de la sorte maintenant", peut-on lire sur le site de l'entreprise. En revanche, Silent Text, Silent Eyes et Silent Phone vont continuer à fonctionner.
"Il est toujours préférable d'être en sécurité que d'être désolé, et en considérant votre sécurité dans ce cas, la pire des décisions aurait été de n'en prendre aucune", poursuit Silent Circle, qui rappelle que les trois autres services sont sécurisés de bout en bout. "Nous ne possédons pas les données encryptées et nous ne collectons pas les métadonnées relatives à vos conversations".
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