Tandis que les États-Unis seront affairés à organiser une mission visant à envoyer un équipage sur Mars en 2030, le Japon, lui, regardera en direction de la Lune. En effet, le pays du Soleil levant entend préparer à son tour un vol habité plus ou moins à la même période. Le but ? Envoyer des spationautes fouler le sol lunaire. Mais au regard de l’ampleur de la tâche, pas question de faire cavalier seul.
Consciente qu’il est extrêmement coûteux d’aller dans l’espace, a fortiori sur la Lune, qui n’est pourtant distante de la Terre « que » de 384 400 km — ce qui est dérisoire à l’échelle de l’univers — l’agence d’exploration aérospatiale japonaise (Jaxa) souhaite s’associer à d’autres pays pour mener une opération commune vers le satellite. On ignore encore à quels États la Jaxa compte s’adresser.
Une mission que le Japon veut internationaliser
Cette coalition de nations ne sera probablement pas facile à mettre en place, car il ne fait presque aucun doute que chaque État disposé à participer insistera pour avoir un représentant dans l’équipage et qu’il fasse partie de ceux qui feront effectivement une sortie extravéhiculaire sur la Lune. Bref, personne ne va vouloir tenir le rôle d’un Michael Collins du 21ème siècle, surtout au prix que cela va coûter.
Le désir du Japon d’aller sur la Lune dans moins de quinze ans s’inscrit dans un contexte particulier en Asie, où une certaine course à l’espace est en train de se manifester entre des pays comme la Russie — qui profite de son héritage soviétique pour maintenir une certaine avance –, l’Inde (qui a lancé début juin la plus grosse fusée jamais construite par le pays) et surtout la Chine.
L’Empire du Milieu a accompli des progrès significatifs en quelques années, en faisant alunir un rover, en déployant dans le voisinage de la Terre une petite station spatiale, en entraînant ses taïkonautes à effectuer des séjours prolongés dans l’espace et en faisant décoller sa plus puissante fusée. Pékin a par ailleurs des projets qui se concrétiseront bientôt pour la Lune et Mars d’ici 2020.
Il n’est pas impossible, compte tenu de la rivalité qui existe entre la Chine et le Japon, que les ambitions et la recherche de prestige du premier aient influencé les objectifs spatiaux du second, qui a déjà une certaine expérience en la matière bien que deux de ses plus récentes missions se soient soldées par des échecs (le cargo « Kounotori » n’a pas pu être déployé convenablement et le contrôle du satellite Hitomi a été perdu).
Une alliance avec des pays européens ?
La Jaxa mène déjà actuellement des missions spatiales conjointes avec d’autres pays. Par exemple, en partenariat avec l’Allemagne et la France, elle a expédié une sonde, Hayabusa 2, vers un astéroïde. La sonde, construite et lancée par le Japon, emporte un atterrisseur franco-allemand, Mascot, qui devra récupérer un échantillon de son sol et repartir en direction de la Terre.
En 2024 prendra également place une mission franco-japonaise, cette fois en direction de l’une des lunes de Mars, Phobos. À la mi-avril, les agences spatiales française et japonaise ont signé un accord pour lancer la première étape de cette future mission d’exploration, qui consistera là aussi à ramener un échantillon sur Terre. Du coup, c’est peut-être aux pays européens que le Japon s’adressera pour son projet lunaire.
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