Si un astéroïde s’approchait dangereusement de la Terre, faudrait-il tirer un missile nucléaire pour le faire voler en éclats ou dévier sa trajectoire ? La méthode est pour le moins radicale et digne des plus grands films catastrophes hollywoodiens. Mais plutôt que d’envoyer une ogive thermonucléaire dans l’espace, l’agence spatiale américaine mise sur une approche un peu moins radioactive.
C’est le but du programme DART (Double Asteroid Redirection Test).
L’idée est de tester l’envoi d’un impacteur à la surface d’un astéroïde pour évaluer la possibilité de modifier sa course s’il se montre un peu trop menaçant pour la Terre. Et justement, la Nasa va profiter du retour, d’ici quelques années, de l’astéroïde binaire Didymos, pour envoyer un collisionneur sur le corps le plus petit (Didymos B, dont la longueur atteint 160 mètres, Didymos A faisant 780 mètres de long).
La perspective s’annonce captivante : Didymos fait partie de ces géocroiseurs dont la trajectoire peut être dangereuse pour la Terre. Repéré en 1996, l’astéroïde est notamment passé à proximité de la Terre en 2003, soit à un peu moins de 7,48 millions de kilomètres. Cela paraît très lointain, mais cela ne représente que 0,05 unité astronomique. On comprend que la Nasa garde un œil sur Didymos.
« Un astéroïde binaire est le laboratoire naturel idéal pour ce test », juge Tom Statler, l’un des scientifiques travaillant sur le programme DART. « Le fait que Didymos B se trouve en orbite autour de Didymos A rend plus facile la lecture des résultats après l’impact », ajoute-t-il. Ce sera aussi la première fois que la Nasa fera la démonstration d’une technique qui pourrait servir à défendre la Terre.
Il faudra toutefois attendre encore quelques années avant de voir DART en action, les deux astéroïdes ne repassant « à proximité » de la Terre qu’en octobre 2022 puis en 2024. Cela a au moins le mérite de laisser le temps à la Nasa de peaufiner son programme, dont qui vient de passer de la phase du développement du concept à celle de la conception préliminaire.
Lorsque l’impacteur sera envoyé dans l’espace, il s’écrasera sur le géocroiseur à la vitesse de 6 kilomètres par seconde, ce qui est neuf fois plus rapide qu’une balle.
« La technique de l’impact cinétique fonctionne en modifiant la vitesse d’un astéroïde menaçant avec une petite fraction de sa vitesse totale, mais, en le faisant bien avant l’éventuel impact, cette petite pichenette va s’accumuler dans la durée pour produire au final un grand bouleversement dans le chemin de l’astéroïde par rapport à la Terre », commente la Nasa.
Un risque pour l’humanité
L’impact cosmique fait partie des principaux risques de catastrophe planétaire qui pèsent sur l’humanité. En fonction de la taille de l’astéroïde, la gravité et l’étendue des menaces sont variables, le pire des scénarios étant l’extinction de l’humanité. À partir d’un kilomètre de diamètre, un astéroïde pourrait nous ramener à l’âge de pierre. Au-delà de trois, c’est l’espèce humaine qui pourrait disparaître.
Heureusement, plus les géocroiseurs sont gros moins ils ont de chances de passer dans les parages de la Terre, du fait de leur rareté croissante à mesure qu’ils gagnent en longueur. Les estimations actuelles parlent d’une collision tous les 500 000 ans. C’est même cent fois moins fréquent dans le cas des corps dépassant le cap des 10 kilomètres de diamètre.
Cette menace a été intégrée par les agences spatiales, qui ont fini par mettre en place des programmes de surveillance de l’environnement immédiat de la Terre afin d’anticiper le plus tôt possible la trajectoire des astéroïdes qui pourraient poser un risque existentiel et se trouver, hélas, dans le haut de l’échelle de Turin, qui sert à catégoriser les risques d’impacts d’objets géocroiseurs.
Cette rareté des gros géocroiseurs est heureuse car elle a permis à l’espèce humaine de croitre et la civilisation de se construire. Aujourd’hui, les progrès technologiques et scientifiques sont tels que des stratégies de déviation des astéroïdes sont désormais envisageables et peuvent être expérimentées. Car le jour où un bolide spatial sera censé finir sa course sur Terre, il faudra être prêts.
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