L'idée n'est pas nouvelle, mais elle fait son chemin en Europe. Puisqu'avec Internet et les réseaux sociaux, une bonne partie de la vie privée des individus devient publique, la sécurité sociale pourrait exploiter Facebook pour traquer les fraudeurs qui publient eux-mêmes les éléments les incriminant.
Le magazine Challenges nous explique en effet que c'est déjà le cas en Italie depuis deux ans à travers un partenariat avec la société américaine Teradata, spécialiste de l'analyse de données, qui officie depuis 1979 dans plus de 42 pays, dont la France. "L'INPS (la Sécu italienne, ndlr) a entièrement réorganisé ses services de 1.400 agents dédiés à la lutte contre les fraudes, en même temps qu’elle a croisé ses données avec celles disponibles sur les réseaux sociaux", explique à Challenges Patrice Bouëxel, qui dirige le pôle santé de Teradata France, fraîchement créé par la société.
Ainsi selon le magazine, "l'INPS identifie les arrêts maladie susceptibles d’être frauduleux par leur date -mercredi, veille de vacances scolaires- ou sa récurrence pour un groupe d’individus, et les croise par exemple avec leurs statuts Facebook, si ceux-ci sont ouverts au public". Mieux vaut ne pas raconter sa visite chez le coiffeur en centre-ville lorsque l'on prétend être cloué au lit avec 40°C de fièvre.
Challenges ne dit pas, néanmoins, combien de fraudeurs ont réellement été identifiés grâce à cet outil.
En France, où Teradata fait bien sûr un lobbying intense pour obtenir de la sécurité sociale qu'elle imite son homologue italienne, la fraude reste relativement circonscrite. En tout cas, suffisamment pour que la question de la proportionnalité d'un système massif de flicage de Facebook et autres réseaux sociaux se pose. Selon les chiffres du rapport Tian de la Mission d'Evaluation des comptes de la sécurité sociale (MECSS), publié en 2011, la fraude par les particuliers ne représenterait "que" 2 à 3 milliards d'euros, alors que la fraude sociale dans son ensemble est estimée entre 10 et 18,8 milliards d'euros par an.
En 2008, la Cour des comptes avait estimé que 0,77 % des allocataires de prestations sociales étaient fraudeurs, en prévenant néanmoins qu'il ne pouvait s'agir, par nature, que d'une évaluation imprécise.
En 2011, la sécurité sociale a détecté 479 millions d'euros de fraudes, dont 120 millions d'euros de fraudes aux prestations maladie.
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