A l'heure où des entreprises tentent d'établir de façon automatisée un profil psychologique de chaque internaute pour savoir comment leur vendre un produit ou un service, il est aisé d'imaginer que beaucoup de prestataires rêveraient d'être capables de déterminer l'orientation sexuelle d'une cible marketing, sans même que la personne se dévoile volontairement.
Déjà il y a quatre ans, des chercheurs affirmaient qu'il était possible de deviner l'homosexualité d'une personne sur Facebook à partir de son réseau d'amis. Mais selon une nouvelle étude qui promet de créer la polémique, réalisée par des chercheurs de l'Université Charles de Prague, il existerait même des traits morphologiques caractéristiques et donc reconnaissables à partir de leur photo chez les hommes homosexuels. Il suffirait donc d'adapter les algorithmes de reconnaissance faciale pour distinguer ces traits particuliers, et pour établir un "score de probabilité d'homosexualité".
Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont recruté un groupe de quatre-vingt personnes, composé à parité de 40 hommes gays et de 40 hommes hétérosexuels (auto-déclarés comme tel), de type européen. Chaque individu a alors été pris en photo, et une cartographie de leur visage a été effectuée par un logiciel, avec 11 000 coordonnées référencées pour établir une comparaison par morphométrie géométrique.
Il ressort des résultats, qui demanderaient (ou pas) à être confirmés par un échantillon bien plus important, que les gays présentent certaines caractéristiques physiques plus prononcées que les hétéros. Mais contrairement à ce que les idées reçues peuvent laisser croire, le visage des homosexuels n'est pas plus féminin que les autres. "Les hommes homosexuels ont présenté des visages relativement plus larges et plus courts, des nez plus petits et plus courts, et des mâchoires plutôt massives et plus arrondies, résultant dans une mosaïque de caractéristiques à la fois féminines et masculines", remarquent les chercheurs.
Aidés par de telles découvertes, les ordinateurs qui n'ont aucun préjugé seraient meilleurs que les humains pour déceler l'homosexualité d'une personne à partir de son visage. Un deuxième volet de l'étude montre en effet que lorsque l'on demande aux hommes de dire si un tiers est homosexuel ou non, le stéréotype commun selon lequel les gays auraient un visage plus féminin les induit les erreur.
"Le fait que nous ayons trouvé des différences morphologiques significatives entre les hommes homosexuels et hétérosexuels ne veut pas dire que l'un de ces groupes est facilement reconnaissable dans la rue", prévient Jarka Valentova, la directrice de l'étude. "Ni que quoi que ce soit dans le genre doive être fait".
Pas sûr, néanmoins, que les rois du marketing se sentent limités par des considérations d'ordre éthique.
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