Google met le doigt dans un engrenage dangereux. Ces dernières semaines, le groupe américain est intervenu à plusieurs reprises sur le Chrome Web Store (la plateforme de téléchargement dédiée à son navigateur web) pour y retirer des extensions. La raison ? Ces modules permettent de chercher des liens BitTorrent sur plusieurs sites spécialisés comme The Pirate Bay, KickassTorrents et Torlock.
C'est Torrentfreak qui a fait ce constat, en remarquant que les applications des trois sites mentionnés ci-dessus ne sont plus disponibles. Mais d'autres portails sont aussi touchés, précise notre confrère. Selon un courrier adressé aux développeurs, Google a banni ces logiciels parce qu'ils "encouragent, facilitent ou permettent" les infractions au droit d'auteur, en violation des règles du Chrome Web Store.
Ces extensions fonctionnent comme des moteurs de recherche. Une fois l'installation du module achevée, l'usager entre sa requête dans la zone de saisie et une liste de résultats apparaît alors. S'il utilise l'application de The Pirate Bay, ce sont des liens du portail qui apparaissent. S'il en utilise une autre, d'autres liens apparaîtront. Et ainsi de suite.
Chrome n'est pas le seul navigateur web à fournir cette fonctionnalité. Firefox est aussi en mesure d'accueillir des moteurs de recherche, généralistes (Bing, Yahoo, DuckDuckGo…) ou spécialisés (CNRTL, Wikipédia, Twitter, Amazon, eBay…). La boutique d'applications de Firefox accueille même des modules que Google réprouve, comme The Pirate Bay, KickassTorrents ou 4Shared.
La décision de Google d'éjecter ces extensions est dommageable, car elle conforte le sentiment erroné de ceux qui assimilent systématiquement les échanges via le protocole BitTorrent à des téléchargements illicites. Il y en a, c'est une évidence ; ils sont nombreux, c'est incontestable. Mais tous les transferts ne sont pas dans cette situation. Il y en a d'autres tout à fait légaux. BitTorrent n'est pas synonyme de piratage.
En outre, Google lui-même référence des millions de liens BitTorrent, du fait de son activité de moteur de recherche. La seule différence, c'est que Google a choisi d'être un outil généraliste tandis que les autres sont spécialisés dans un type de fichier bien particulier. Qui plus est, les liens indexés ne sont pas fournis par les plateformes, mais par les usagers.
Le retrait de ces modules est loin d'être anodin. Cet épisode survient en effet au moment où Google a pris une autre décision controversée, à savoir le blocage des extensions ne figurant pas dans le Chrome Web Store. Présentée comme une mesure de sécurité pour les usagers, elle apparaît aujourd'hui aussi comme un outil de lutte contre certains usages, sans distinction du licite et de l'illicite.
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