Il faudra du temps aux Antilles pour se remettre des dégâts considérables causés par le passage d’Irma. L’urgence, aujourd’hui, est de porter secours aux populations le plus rapidement possible, en les ravitaillant en vivres, en leur apportant du matériel médical mais aussi en rétablissant l’eau courante et l’électricité. Le déblaiement des axes de communication est aussi une priorité.
Pour appréhender l’ampleur et la gravité des destructions provoquées par l’ouragan, le plus puissant jamais enregistré dans l’océan Atlantique, des reconnaissances par avion et par hélicoptère ont d’ores et déjà eu lieu au-dessus des territoires traversés par Irma. Des vols précieux, ne serait-ce que pour des questions d’assurance. Une tâche pour laquelle les satellites peuvent aussi s’avérer très utiles.
Grâce à leurs puissantes optiques, les satellites modernes peuvent en effet apporter des visuels très détaillés des zones sinistrées. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’a été signée en 2000 la charte internationale « espace et catastrophes majeures » : avec ce dispositif, les organisations autorisées peuvent demander aux signataires la mobilisation de leurs ressources satellitaires.
Activée plus de 550 fois depuis sa fondation, la charte a naturellement été sollicitée avec le passage d’Irma. À quatre reprises, selon la liste des activations :
- Par l’institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar) et le programme opérationnel pour les applications satellitaires de l’Unitar (Unosat) au nom de l’Undac (United Nations Disaster Assessment and Coordination) ;
- par la commission nationale d’urgence de la République dominicaine ;
- par l’institut d’études géologiques des États-Unis au nom de l’agence fédérale des situations d’urgence;
- par le bureau des affaires spatiales des Nations unies au nom de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti.
La France est justement concernée par ces récentes activations, puisque c’est au centre national d’études spatiales (Cnes) qu’a été confiée la mission de répondre à la demande du bureau des affaires spatiales de l’ONU. Un appel entendu par le Cnes : deux de ses satellites, Pléiades 1A et Pléiades 1B, respectivement lancés le 17 décembre 2011 et le 2 décembre 2012, sont mobilisés.
« Les deux satellites Pléiades sont actuellement programmés pour acquérir des images sur toutes les zones requises par les utilisateurs ayant déclenché la charte. Les premières acquisitions de Pléiades seront disponibles à partir du 8 septembre, en fonction des conditions météorologiques », commente le Cnes dans un communiqué de presse. Au total, ce sont plus de vingt satellites qui sont sollicités.
Sur une orbite héliosynchrone basse à 700 kilomètres du sol, les deux satellites sont équipés d’un instrument d’optique ayant une résolution de 70 centimètres (puis ré-échantillonnée à 50 cm) et capable d’opérer dans le visible et le proche infrarouge. Idéal pour distinguer avec une grande précision les regroupements de population, les ponts écroulés, les bâtiments en ruine ou les routes impraticables.
Les satellites sont « des observateurs idéaux en cas de séismes ou de catastrophes touchant les zones urbaines », commente le Cnes sur son site web. En outre, « ils offrent un autre avantage : être suffisamment nombreux et diversifiés pour arriver à acquérir des images de qualité et sans nuage de la zone sinistrée ». Ce qui est fort pratique pour les équipes de secours, dont le principal ennemi pour venir en aide aux personnes en détresse est le temps.
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